N’écrivez pas que vous êtes « dans le secret des Dieux », mais que vous êtes « dans le secret des dieux ».
« Dieu » ne prend une majuscule que s’il s’agit de celui, unique, que vénèrent les religions monothéistes. Les divinités païennes doivent, elles, se contenter de la minuscule. Dans les expressions figurées du langage courant, c’est la même règle qui s’applique :
Dans la Bible, Dieu demande à Abraham de sacrifier son fils.
Grâce à Dieu, il est sain et sauf.
Mon Dieu, tu es devenu tout vert, Bruce !
mais
Zeus est le maître des dieux grecs.
Je n’ai pas d’autre dieu que l’amour.
Enchaînant les victoires, ce joueur de tennis semble béni des dieux.
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Avis de l’expert –
Bruno Dewaele, champion du monde d’orthographe, professeur agrégé de lettres modernes
Vous ne voudriez pas que l’on mélangeât les torchons du polythéisme et les serviettes du monothéisme ? que l’on usât de la majuscule dans un juron comme « Vingt dieux ! » ? Cela dit, quelques-uns se demandent ce que le numéral vient faire dans cette galère, et s’il ne s’agit pas plutôt là d’une corruption de « Vains dieux ! », qui soulignerait l’impuissance des intéressés à exaucer nos vœux…
Exercices (cherchez les erreurs)
- Comment ne pas l’aimer, il est beau comme un Dieu !
- Beaucoup ont voulu voir dans cette issue heureuse la main de dieu.
- Les compagnons d’Astérix invoquent souvent Toutatis, un des dieux celtes.
- On dit souvent que le capitaine est seul maître à bord après dieu.
- Jésus-Christ est encore appelé le fils de Dieu.
- Ce ténor réputé chante comme un dieu.
- Grâce à Dieu, il est sorti indemne de ce terrible accident.
- Qui sait encore que les pénates étaient les Dieux protecteurs du foyer chez les Romains ?
- Je n’en sais rien, je ne suis pas dans le secret des Dieux !
- À en croire les Grecs, l’Olympe regorgeait littéralement de dieux.
Réponses
- Faux. Il faut écrire : Comment ne pas l’aimer, il est beau comme un dieu !
Plus qu’au dieu unique des chrétiens, on pense ici à un de ces dieux de la mythologie gréco-latine qui, comme Apollon, n’hésitaient pas à prendre forme humaine pour séduire les mortelles. D’où la minuscule ! - Faux. Il faut écrire : Beaucoup ont voulu voir dans cette issue heureuse la main de Dieu.
Cette fois, en revanche, il est question du Créateur des religions monothéistes. La majuscule est donc de rigueur. - Phrase correcte.
- Faux. Il faut écrire : On dit souvent que le capitaine est le seul maître à bord après Dieu.
Il n’y en a visiblement qu’un ici : la majuscule s’impose. - Phrase correcte.
- Phrase correcte.
- Phrase correcte.
- Faux. Il faut écrire : Qui sait encore que les pénates étaient les dieux protecteurs du foyer chez les Romains ?
Chacun sait que les Romains ne manquaient pas de dieux, ce que le pluriel vient d’ailleurs confirmer : minuscule obligatoire, par conséquent ! - Faux. Il faut écrire : Je n’en sais rien, je ne suis pas dans le secret des dieux !
Le pluriel suffit à prouver que nous nous trouvons dans un environnement polythéiste : la minuscule en découle tout naturellement. - Phrase correcte.
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Merci beaucoup vraiment
Heureux que cette règle vous ait été utile ! Bonne journée :-).
Bonjour,
Dans le livre Le certificat Voltaire pour les nuls, la phrase : « Allah est le Dieu des musulmans » est indiquée comme fausse, la correction proposée : « le dieu ».
Pouvez-vous m’éclairer sur cette correction ?
Bonjour Yuilina17, « dieu » prend ici une minuscule parce que « des musulmans » est précisé. Bonne journée.
La majuscule est de rigueur pour Dieu, Dieu unique…, soit sans article. Elle n’a pas lieu d’être lorsque le mot est précédé d’un article, en particulier de l’article indéfini, ni, bien sûr, au pluriel (que ce soit les vains ou les vingts dieux). Cela n’a rien à voir avec le monothéisme ou le polythéisme. On peut être amené, quand on travaille sur les religions polythéistes, à écrire Dieu (dans les hymnes et prières par exemple).
Par Toutatis, mais c’est une explication d’un monothéiste pour un monothéiste !
Bonjour bazika, c’est-à-dire ? 🙂
Bonjour Sandrine,
Ça prend un monothéiste (ou au moins un habitué seulement aux religions abrahamiques et grecque/romaine antique et du coup morte) pour traiter des polythéistes des païens et distribuer des serviettes et des torchons. Juste pour chahuter, si Dieu des chrétiens et Dieu des dogons entrent dans un bar, lequel prend un « D » ? =)
Des notions intéressante mais des explications inutiles.
Bonjour moses, ah oui ? Quelles sont les explications « inutiles », selon vous ? Merci et bonne journée !
Je ne suis pas la personne à laquelle vous avez répondu, mais je n’ai pas tellement aimé l’explication, donc j’espère pouvoir répondre à sa place. Il aurait suffit de dire que le mot « dieu/Dieu » prend une majuscule lorsque l’on parle d’un dieu unique, comme si le mot était un nom propre, et sinon n’en prend pas, comme lorsqu’on utilise un article pour préciser de quel dieu on parle. Cela évite de parler de religions poly/monothéistes, et comme l’utilisateur.rice a souligné on peut parfois parler de « Dieu » dans des religions polythéistes.
L’explication me donne plus de quéstions que de réponses: pourquoi dit-on forcément « mon Dieu » et non « mon dieu » ? Puisque je ne suis pas Chrétien, devrais-je dire « mon dieu » ?
Bonjour Emm, si vous êtes plus à l’aise avec cette explication, vous êtes tout à fait libre de l’adopter et de la transmettre :). Elle rejoint peu ou prou la règle que nous avons indiquée. L’essentiel est d’aboutir au même résultat : savoir distinguer, orthographiquement parlant, Dieu et dieu. Bonne journée.
Avez-vous la connaissance d’un document émanant de l’éducation nationale demandant aux professeurs d’histoire de retirer des points à des élèves qui mettent une minuscule à dieu pour désigner Zeus ou Apollon, arguant qu’on doit toujours mettre une majuscule à Dieu ?
Merci de votre réponse.
Dans les religions monothéistes, le terme dieu est devenu un nom propre et prend donc une majuscule.
Lorsque l’on fait références aux dieux grecs ou romains, on met simplement une majuscule au nom du dieu concerné : « Dans la mythologie grecque, Poséidon est le dieu des mers ».
Nous ne sommes pas au courant d’une circulaire allant dans un autre sens.