On ne départagera probablement jamais les opposants et les partisans d’une réforme de l’orthographe. Un point unit cependant ces lecteurs passionnés : l’amour de la langue française, figée ou pas. Pour nombre d’entre eux, l’orthographe en dit beaucoup sur le scripteur, en bien… ou en mal.
Professeur de lettres, ayant par ailleurs œuvré pendant plusieurs années à la promotion de la langue française à l’étranger, j’ai constaté que maîtriser l’orthographe permet notamment d’acquérir une plus grande confiance en soi et libère l’écriture.
J’ai découvert le Projet Voltaire en 2011, en prenant mes fonctions d’enseignante en expression communication au sein du département de génie biologique à l’IUT de Montpellier-Sète, devenu centre d’examen en 2010 ; une convention venait d’être signée avec le concepteur-éditeur du projet, la société Woonoz, et j’ai vu l’intérêt de poursuivre et de développer l’action entreprise par mon prédécesseur.
Après une action en direction des étudiants de première et de deuxième années de mon département de rattachement, j’ai éveillé l’intérêt des étudiants de licence professionnelle et les ai incités à valider leurs compétences en passant la certification.
Aujourd’hui référente du projet à l’IUT de Montpellier-Sète, j’effectue un travail continu de sensibilisation auprès des étudiants, français ou étrangers. J’informe également mes collègues, ce qui leur permet de mesurer l’intérêt de faire ou non la promotion de cet outil dans leur propre département.
L’aspect ludique du projet n’est pas étranger à la remobilisation des étudiants les plus sceptiques. Cet outil d’entraînement en ligne permet aux utilisateurs de se réconcilier avec la langue française et d’améliorer leurs performances d’écriture. Tout en développant des réflexes orthographiques, certains renouent avec leurs facultés de concentration.
Au sein de l’IUT de Montpellier-Sète, ce sont plus de 950 étudiants qui sont désormais concernés par le projet. Les commentaires les plus fréquemment entendus renvoient à la notion de progrès, à l’habileté nouvelle à développer l’autocorrection et à repérer les erreurs des autres. Ils concernent également l’élimination progressive des erreurs qui semblaient définitivement «enkystées». Les représentations attachées au mot «orthographe» évoluent.
La Certification Voltaire valide le travail et l’investissement fournis. Ce test progressif de niveau qui valorise des acquis renseigne sur les aptitudes et le niveau. Il offre une valeur ajoutée sur le curriculum vitae, appréciée des recruteurs. Les étudiants ne s’y trompent pas : le nombre d’inscrits, qui a doublé en un an, ne cesse d’augmenter.
Certes les évaluations régulières (diagnostique ; intermédiaire ; finale) ou le temps passé à s’entraîner nous fournissent de réels indicateurs d’intérêt et de progrès, mais, curieusement, c’est lors de présentations orales, d’exposés ou de comptes rendus, que se vérifient les bienfaits du projet. On note que les étudiants recourent à des formulations moins quotidiennes, font intervenir des mots ou des expressions qu’ils se sont réappropriés : par exemple l’expression « pallier » en construction directe ; ou des mots tels que «dilemme »…
À celui qui n’a jamais travaillé avec le Projet Voltaire, je dirais que cette pratique, qui développe l’autonomie des apprenants et met à distance l’angoisse de la faute, mérite d’être encouragée et d’être approfondie.
À celles et ceux d’entre vous qui hésitent encore, je proposerais cette formule : « Pour un parcours sans fautes, sans peur, et sans reproches, adoptez ou faites adopter le Projet Voltaire ! »
Nicole Gourgaud, IUT Montpellier-Sète