Lors du dernier congrès de l’Apel à Nice, axé sur le changement dans l’école, Gilles Demarquet, le président de l’Apel, avait souligné l’importance de créer un lien entre l’école et la famille pour la réussite scolaire, et de mettre en place une communication régulière pour accompagner et guider l’élève dans son orientation. En prévision du prochain congrès sur le rôle des parents en tant qu’éducateurs, nous avons interrogé l’Apel pour connaître son positionnement sur l’apprentissage hybride et la nécessité de trouver le bon équilibre entre les outils numériques et les ressources pédagogiques utilisés en classe et à la maison. Cet entretien ouvre la voie à de nouvelles perspectives pour l’éducation.
Le dernier congrès de l’Apel était consacré au changement dans l’école. Quels sont les trois grands thèmes qui en sont ressortis ?
Le congrès de national de l’Apel à Nice a mis en évidence l’importance cruciale du lien entre l’école et la famille dans l’éducation des jeunes. Ce lien est essentiel pour la réussite scolaire. Il s’agit de s’assurer que les parents comprennent les attentes de l’école et qu’il y ait une communication régulière pour soutenir la progression de l’élève tout au long de sa scolarité. Il est primordial que les parents et l’école travaillent conjointement pour comprendre et soutenir les aspirations des élèves, en complément de l’accompagnement scolaire, surtout dans le contexte de la plateforme Parcoursup. Sur l’orientation, il est clair qu’il faut absolument qu’il y ait un travail en commun qui soit fait, qu’en tant que parents, on comprenne bien les aspirations de nos jeunes pour les guider et les orienter en complément de ce qui peut être fait à l’école.
Les modalités hybrides sont au cœur des enjeux depuis la crise sanitaire. Pensez-vous qu’il soit nécessaire de proposer des outils qui s’utilisent en classe, mais aussi à la maison ?
La crise sanitaire a souligné l’importance de mettre en place des solutions d’enseignement à distance et hybrides pour maintenir la continuité de l’éducation. Ces méthodes ont prouvé leur efficacité, mais ont aussi révélé des limites, notamment autour de l’attention des élèves en distanciel. Pour les étudiants, l’apprentissage hybride a été particulièrement difficile, interférant avec l’expérience et la cohésion de la vie étudiante. Il est donc essentiel de trouver un équilibre dans l’utilisation des outils numériques qui soit bénéfique tant en classe qu’à domicile, sans toutefois, remplacer complètement l’enseignement traditionnel. Bien que les technologies facilitent l’interaction entre familles et établissements pour le suivi scolaire, elles ne peuvent se substituer à la relation humaine directe entre élèves, parents et établissements.
Votre prochain congrès qui se tiendra en mai prochain à Valence s’intéresse au rôle des parents dans l’éducation de leurs enfants. Quelles opérations permettent de lier les parents et les enfants autour de la pédagogie ? Par exemple, des ressources pédagogiques à utiliser en famille ?
Lors du congrès de Nice, nous avons annoncé une grande réflexion prospective appelée « Apel 2030 » pour marquer le centenaire de l’association. Ce projet vise à réfléchir sur les actions et les orientations futures dans un contexte de changements significatifs, notamment avec l’essor du numérique et l’évolution des modes éducatifs. Un point central de cette réflexion est le rôle des
parents en tant qu’éducateurs, soulignant que l’éducation parentale ne se limite pas à la scolarité, mais continue tout au long de la vie. L’association se concentre sur le renforcement du lien entre l’école et la famille, et travaille sur la complémentarité entre l’enseignement scolaire et l’éducation à la maison. Les ressources pédagogiques, comme les classes inversées, permettent d’accompagner les enfants dans la continuité de ce qui est proposé en classe par l’enseignant.
En septembre dernier, vous avez édité dans votre magazine Famille et 2ducation un dossier qui s’intitulait « Éducation, existe-t-il une formule magique ? ». Quels sont les ingrédients principaux de cette formule selon-vous ?
L’objectif de ce dossier était de donner quelques éléments éducatifs pour souligner qu’ « il n’y a pas de formules magiques » pour être éducateur, mais qu’il existe des éléments qui peuvent y contribuer. Notamment des éléments pour définir un cadre et des limites, mais également des éléments pour pouvoir donner de l’autonomie à son enfant. Il existe diverses approches qui peuvent améliorer l’éducation sans avoir recours à une liste exhaustive. C’est cette logique-là qui va nous mener jusqu’au congrès de Valence en 2024 sur le thème « Parents Educateurs pour la vie ».
Quel regard ont les parents sur les outils numériques utilisés en classe ?
Le regard des parents peut être variable, donc c’est toujours une question d’équilibre. Le numérique n’a pas vocation à tout faire, mais il a vocation à être un outil qui peut être utilisé en classe pour avoir une approche pédagogique différente. Quel que soit le support, il est important que la ressource reste accessible et à portée de tous.
En quoi la promotion du concours international « Les Mots en Or » et l’organisation de parties de Revolt-IA, le jeu d’évasion du Projet Voltaire, contribuent-elles à sensibiliser à l’importance de la langue française dans les établissements ?
Ces initiatives, telles que le concours « Les Mots en Or » et les parties de Revolt-IA, offrent des approches ludiques et compétitives pour stimuler l’apprentissage du vocabulaire et renforcer la maîtrise de la langue française. En parallèle, nous organisons des concours d’éloquence dans différents établissements pour encourager les jeunes à améliorer leur prise de parole en public.
Selon-vous, pourquoi est-il important de pérenniser le partenariat entre l’Apel et le Projet Voltaire ?
Ce partenariat est renouvelé depuis plusieurs années car l’Apel a conscience de l’importance de la maitrise de la langue française à un moment où l’on se rend compte que l’on utilise beaucoup plus les outils numé-riques. L’Apel souhaite donc sensibiliser et accompagner les familles sur la nécessité de structurer et d’acquérir du vocabulaire et l’orthographe de façon à réussir sa vie universitaire et à plus terme professionnelle.
Le ministre de l’Éducation s’est récemment exprimé sur la nécessité de maîtriser les savoirs fondamentaux au collège. Quel est le regard de l’Apel sur ce sujet ?
On revient en effet sur la maîtrise des savoirs fondamentaux, et c’est bien ! C’est important de savoir lire, écrire, compter, c’est la base pour pouvoir avancer et progresser. C’est quelque chose qui nous semble positif dans la mesure où ce sont des préliminaires pour développer tout le reste.
Quelle est la feuille de route 2023/2024 pour l’Apel ?
Cette feuille de route présente plusieurs axes. Premièrement, la préparation du congrès de Valence, qui introduira les événements autour de « Apel 2030 ». Ensuite, il y a tous les sujets autour de la problématique du harcèlement qui prend de l’importance avec les priorités du ministre de l’Éducation. On a lancé, avec l’enseignement catholique, un site qui s’appelle « 3PF » et qui aide les publics fragiles (handicap, harcèlement) de façon à pouvoir être plus vigilants dans le traitement de ces sujets. Ce sont principalement les sujets qui vont nous accompagner cette année, en plus d’accompagner toutes les familles au quotidien dans leur rôle d’éducateurs autour de l’orientation, du handicap, du lien entre l’école et le monde professionnel. Sans oublier que l’un des rôles de l’association est de participer à l’animation des établissements et de créer du lien entre les familles.
En une phrase, comment résumeriez-vous notre entretien ?
J’évoquerais la continuité d’un partenariat qui dure depuis longtemps et qui a vocation à perdurer de façon à proposer aux jeunes une solution qui vise à améliorer leur expression et leur orthographe pour favoriser la réussite de l’intégration dans le monde professionnel.