L’anaphore, une répétition soignée

Vous souhaitez découvrir ou faire découvrir les figures de style ? Lisez nos articles sur le sujet ! Ci-dessous, l’anaphore.

Définition

L’anaphore est une figure de style qui consiste à répéter un même mot ou une même expression au début de plusieurs phrases, de propositions ou de vers. Cette répétition crée un effet rythmique, met l’accent sur une idée et renforce le message ou l’émotion qui sont exprimés. Elle vient du grec « ana » (« à nouveau ») et « phorein » (« porter »).

Exemples d’anaphores littéraires

« J’accuse ! » (Émile Zola, dans un article paru dans le journal L’Aurore en 1898)

Dans son célèbre article, Émile Zola prend la défense du capitaine Alfred Dreyfus, militaire injustement accusé de trahison. Il met en cause les différents protagonistes de l’affaire. La fin de l’article est ponctuée de multiples « J’accuse… » : il s’agit là d’une utilisation de l’anaphore.

« Paris » (le général de Gaulle, dans son discours du 25 août 1944)

Après plusieurs semaines de guerre, Paris est libéré par les Alliés. L’occasion pour le général de Gaulle de prononcer un discours passé à la postérité, dans lequel il répète le nom de la Ville lumière : « Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé, mais Paris libéré ! »

« Moi président de la République… » (François Hollande, durant le débat télévisé du 2 mai 2012)

Opposé à Nicolas Sarkozy dans l’élection présidentielle de 2012, le candidat socialiste et futur Président François Hollande use d’une anaphore lors du débat de l’entre-deux-tours en martelant à quinze reprises la même expression : « Moi président de la République, je ne serai pas le chef de la majorité, je ne recevrai pas les parlementaires de la majorité à l’Élysée. Moi président de la République, je ne traiterai pas mon Premier ministre de collaborateur… »

Exemples d’anaphores courantes

Quoique l’anaphore ne soit pas une figure de style couramment employée à l’oral, on peut parfois la repérer dans certains propos.

« Il faut se lever tôt, il faut travailler, il faut réussir ! »

La répétition du « il faut » marque une obligation morale.

« Je veux être avec vous, je veux y aller, je veux participer ! »

La personne qui tiendrait ces propos chercherait à montrer sa volonté et sa détermination.

« Ça fait des mois que tu n’écoutes pas ! Ça fait des mois que tu n’es pas sage à l’école ! Ça fait des mois que tu enquiquines tes parents ! »

On insiste ici sur la durée de l’exaspération ressentie…

Usages de l’anaphore

1. Renforcer une idée ou une émotion

L’anaphore permet d’insister sur un message spécifique ou une émotion forte en marquant l’esprit du lecteur ou de l’auditeur.

2. Créer du rythme et de la musicalité

La répétition structure le texte ou le discours, ce qui donne un effet rythmique et mélodieux. Cela attire l’attention et rend le message plus percutant.

3. Marquer une progression ou une intensité

Chaque répétition ajoute un degré d’intensité ou d’importance, ce qui permet de guider l’auditoire vers un point culminant.

4. Faciliter la mémorisation

La répétition fait que le texte ou le message sont plus faciles à retenir, ce qui est particulièrement utile dans les discours politiques ou les slogans.

5. Créer un effet dramatique

L’anaphore attire l’attention sur un contraste ou une opposition dans le texte, donnant plus de force à l’argumentation ou à l’émotion.

Conclusion

L’anaphore est un outil puissant, aussi bien pour séduire un auditoire que pour structurer un message, en jouant sur le rythme et l’émotion.

Exerçons-nous ! Ci-dessous, s’agit-il d’anaphores ?

  • S’il est à l’heure… s’il se comporte bien… s’il s’excuse… alors, je reverrai mon jugement le concernant.
  • J’ai mal à la jambe. Au pied. À chaque orteil.
  • Nous devons travailler ensemble. Nous devons croire en notre potentiel. Nous devons agir maintenant.

Réponses

  • S’il est à l’heure… s’il se comporte bien… s’il s’excuse… alors, je reverrai mon jugement le concernant. C’est une anaphore, car la condition commençant par « s’il… » est plusieurs fois répétée.
  • J’ai mal à la jambe. Au pied. À chaque orteil. Non : il aurait fallu répéter « j’ai mal » pour qu’il s’agisse d’une anaphore.
  • Nous devons travailler ensemble. Nous devons croire en notre potentiel. Nous devons agir maintenant. C’est une anaphore, car l’expression « Nous devons » est répétée plusieurs fois.
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