Jamais deux sans trois ! Nous n’avons pas résisté à piocher de nouveau dans la centaine de japonismes qui composent l a langue française. Pourquoi s’en priver ? Ces mots nous font voyager et nous en apprennent beaucoup sur la culture nippone, qui ne cesse de nous inspirer et de nous fasciner…
Bonsaï
Le bonsaï est un arbre nain cultivé en pot. Son nom vient d’un mot japonais transcrit en « bonsai », de bon, « pot » et sai, « plante ».
L’orthographe de « bonsaï » fait débat : Le Petit Robert et Larousse l’écrivent « bonsaï », tandis que l’Académie française préconise « bonzaï ».
Concernant la prononciation, tout le monde s’accorde sur le « i tréma » final (que l’on retrouve dans « samouraï »), afin d’éviter de prononcer la finale [ai] en français, et sur le son [z], que l’on écrive, d’ailleurs, « bonsaï » ou « bonzaï ».
En japonais, on prononce [bon’ssaï]. Par imitation, l’Académie française recommande de faire entendre le « n » également en français : [bon’zaï].
Attention, enfin, à ne pas confondre ce mot avec « banzai », exclamation japonaise d’origine chinoise, servant à souhaiter longue vie à quelqu’un, et titre d’une comédie française des années 80, Banzaï, avec Coluche en vedette.
Origami
Le mot japonais « origami » est composé du verbe ori, « plier », et du nom kami, « papier ». L’origami se définit comme « l’art traditionnel japonais du papier plié ».
Kami (ou gami) entre dans différents mots japonais, comme tegami, la lettre (qu’on écrit à la main, te, sur du papier, kami).
Souvenez-vous, c’est le même « te » que l’on retrouve dans karate, « main vide », mais pas le même « kami » de « kamikaze » qui, dans ce mot, signifie « divinité ».
Enfin, Le Petit Robert opère une distinction entre l’origami et le kirigami. Le kirigami, issu du verbe kiru, « couper », et également de kami, « papier », est « l’art traditionnel japonais du papier découpé ». C’est ce même « kiru » que l’on retrouve sous la forme nominalisée kiri, « ouverture », dans hara-kiri.
Néanmoins, Larousse ne fait pas de différence entre les deux, considérant que l’origami est « l’art traditionnel japonais du papier plié et découpé ».
Sudoku
Autre loisir qui nous vient du Japon : le sudoku ! Son étymologie est assez complexe. D’après Le Petit Robert, c’est l’abréviation de « sûji wa dokushin ni kagiru », soit « les chiffres (sûji) doivent être solitaires (dokushin) ».
Le sudoku est en effet un jeu de chiffres d’origine japonaise consistant à compléter de manière logique une grille, composée de neuf carrés de neuf cases, avec des chiffres de 1 à 9.
Comment prononcer le mot ? [Soudokou], d’après Le Petit Robert. Dans le Larousse en ligne, c’est la prononciation [sudokou] qui semble être de mise. À noter que Larousse le note comme « marque déposée » et l’écrit avec une majuscule : Sudoku.
Kakémono
Vous travaillez dans l’événementiel ? Alors ce mot vous est forcément familier ! Dans « kakémono », on reconnaît « mono » qui veut dire « objet, chose ». On retrouve cette racine dans « kimono », notamment. Littéralement, le « kakémono » est une « chose suspendue ».
Plus précisément, c’est une peinture japonaise sur soie ou sur papier, étroite et haute, suspendue verticalement et que l’on peut enrouler autour d’un bâton de bois. Et, par extension, c’est le support de communication d’aspect similaire !
Moins connu est le makimono, qui, à l’inverse, est une peinture japonaise sur soie ou papier, beaucoup plus large que haute.
À noter que Larousse écrit « kakemono » ou « kakémono », avec ou sans accent. Il semble néanmoins plus logique de l’accentuer, à l’instar des autres mots issus du japonais comprenant le son « é ».
Tempura
Ce mot désigne un beignet très léger de légumes ou de poisson. Dans les restaurants japonais, on peut déguster, notamment, des tempuras aux crevettes. Si nous avons fait figurer ce mot dans notre inventaire, c’est surtout pour sa forme.
En effet, en japonais, le mot est transcrit de la façon suivante : « tenpura ». Or, en français, il n’y a pas de « n » devant le « p », d’où la transformation « n » en « m » pour mieux « coller » aux règles de l’orthographe française.
Larousse le fait invariable, « des tempura », alors que Le Petit Robert lui fait suivre, comme les autres mots d’origine étrangère, les règles du pluriel français : des tempuras. Ce n’est pas la première fois que les deux dictionnaires ne sont pas « d’accord ».
À noter également que, d’après Le Petit Robert, ce mot aurait été pris aux Portugais par les Japonais, précision absente chez Larousse.
Émoji
En japonais, emoji s’écrit ainsi. Il est formé du petit mot e qui signifie « image » ou « dessin » et de moji, « lettre » ou « caractère ». Il se prononce « émodji ». C’est une marque déposée.
Il s’agit d’une petite image utilisée dans un message électronique pour exprimer une émotion, représenter un personnage, une action… L’émoji le plus répandu représente un visage qui rit.
On utilise aussi le mot français « un émoticone » (ou « une émoticône »), contraction de « émotion » et « icône ». Larousse, qui ne reconnaît que la forme « émoticône », considère que cette dernière est moins « élaborée » que l’émoji… mais sans préciser pourquoi !
Japonais, français…, pour compléter la famille, citons l’anglais smiley qui se francise parfois en binette (au Québec) et en « frimousse ».
À lire également sur notre blog : Émoticônes : mode d’emploi
Nippon
Pour clore notre inventaire, quoi de mieux que l’adjectif « nippon » qui est issu du nom japonais du Japon, transcrit en « Nihon » ?
Dans « nihon » (qui a donc donné « nippon »), on reconnaît « ni », qui désigne le jour et « hon » qui signifie « l’origine ». En effet, le Japon est bien le pays de l’origine du jour, situé le plus à l’est de l’Asie, là où le Soleil se lève en premier. D’où la périphrase « le pays du Soleil-Levant » pour désigner le Japon.
Ce soleil, on le retrouve sur le drapeau même du Japon : oui, c’est bien le cercle rouge sur fond blanc ! Il porte même un nom : Hinomaru (où maru signifie « cercle »).
Notons que « nippon » peut, au féminin, s’écrire « nippone » ou « nipponne ». L’adjectif, vous l’aurez compris, qualifie tout ce qui se rapporte au Japon. C’est, en quelque sorte, le synonyme littéraire et élégant de « japonais ».
Sandrine Campese
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