Konnichiwa ! Voici le deuxième volet de notre dossier consacré aux japonismes. Nous l’avons vu, environ 100 mots de la langue japonaise sont passés en français, mais bien davantage sont connus des francophones. En effet, les japonismes nous suivent partout dans notre vie quotidienne : restaurants, lectures, films, sports et autres loisirs. Mais êtes-vous vraiment sûr(e) de bien les connaître ?
Kawaï
Depuis quelques années, en France, tout le monde a ce mot à la bouche ! Mais attention à ne pas réduire son sens à « mignon ». Certes, il désigne ce qui est coloré et rappelle l’enfance. Ainsi, Hello Kitty ou Pikachu sont des mascottes kawaï (oui, kawaï est invariable).
Mais au Japon, kawai (francisé en kawaï ou kawaii) peut qualifier à peu près tout : un bébé, une personne âgée, un animal, un objet, un paysage, une situation, une idée…! Néanmoins, « kawaï » ne veut pas dire « beau » et l’on emploiera d’autres qualificatifs pour louer la beauté d’une femme, par exemple.
Futon
Au Japon, traditionnellement, on ne dort pas dans un lit, mais sur un futon, un matelas posé à même le sol. Plus ou moins épais, il est constitué de couches de flocons de coton.
Le soir, les Japonais disposent les futons par terre, dans une pièce servant de chambre à coucher. Le matin, ils les replient et les rangent dans un placard aux portes coulissantes. Ce placard se nomme oshiire. Ils sont si bien organisés !
Notons qu’en français, on prononce « fu-ton », mais les Japonais « mangent » un peu le « u » et prononcent le « n » final, ce qui donne à peu près « f’tonn ».
Sakura
Au Japon, le terme sakura désigne un cerisier en fleurs, dont le nom scientifique est prunus.
Il existe de nombreuses variétés de sakura au Japon et leur floraison est un véritable événement ! Mais attention, elle est fugace : seulement 10 à 15 jours, vers fin mars-début avril.
À cette occasion, les Japonais se retrouvent entre amis ou en famille dans les parcs et les jardins pour pique-niquer sous lesdits cerisiers.
La contemplation des sakura porte un nom, hanami, littéralement « voir (mi) des fleurs (hana)».
On ne prononce pas « chakura » (en pensant à Shakira !), comme on l’entend parfois, mais bien « sakura » !
Yakitori
Nombreux sont ceux qui raffolent de ces délicieuses brochettes préalablement marinées, souvent dégustées avec de la sauce soja sucrée.
Dans « yakitori », on reconnaît tori,qui signifie « oiseau », et yaki, « grillé ». De l’oiseau grillé, vraiment ?
En réalité, c’est le nom niwatori, littéralement « oiseau de jardin », autrement dit « poulet », qui est sous-entendu dans « tori ». On parle d’ailleurs de niwaniku, « viande de poulet ».
Ainsi, « yakitori » se traduit par « poulet grillé » ou « viande grillée », puisque les yakitoris peuvent être composés de poulet, de bœuf, de porc ou même de poisson !
Attention à ne pas confondre tori, l’oiseau, et torii, le portique ornemental des temples japonais shintoïstes.
Manga
Après les Japonais, les Français sont les plus grands amateurs de mangas au monde, ces bandes dessinées japonaises qui, généralement, se lisent de droite à gauche et sont dessinées en noir et blanc.
Si, en France, nous prononçons « man-ga », les Japonais détachent le « a » et le « n » et disent plutôt « ma-nga ».
À noter qu’une personne réalisant des mangas est appelée mangaka, le suffixe -ka, que nous avons rencontré précédemment dans « judoka » et « karatéka », signifiant « spécialiste », « expert ».
Quelle différence entre un manga et un anime ? Au sens large, un manga peut se lire, sous la forme d’une bande dessinée, ou se regarder, sous la forme d’un dessin animé. C’est ce dernier qui est nommé anime ou animé, mot formé sur l’anglais animation.
Ramen
Le nom ramen désigne un plat de nouilles dans un bouillon, agrémentées de divers ingrédients comme de la viande de porc, des pousses de soja et de bambou, un demi-œuf mollet, etc. Signalons que ce mets, devenu typique de la cuisine nippone, a été importé de Chine.
Attention à ne pas confondre ramen et udon ! Dans les deux cas, il s’agit de nouilles de farine de blé, mais contrairement aux nouilles ramen, plus longues et fines, les nouilles udon sont épaisses, de consistance molle et élastique. Jamais deux… sans trois : les soba sont aussi des nouilles japonaises, faites à partir de farine de sarrasin.
Samouraï
Voilà un mot japonais dont l’orthographe a été francisée. En effet, en japonais il s’écrit samurai. Pourquoi n’a-t-on pas conservé la graphie « u » comme dans « futon » ou « yakuza » ? Parce que le nom est arrivé jusqu’à nous au milieu du XIXe siècle, et à l’époque, on ne francisait pas les mots étrangers de la même manière.
Quant au « i tréma », il permet de bien prononcer le « i » distinctement, et non comme dans le phonème « ai ». C’est la même chose dans la francisation « kawaï », pourtant bien plus récente.
Et qu’est-ce qu’un samouraï, précisément ? C’est un guerrier japonais de la société féodale (environ du Xe à la fin du XIXe siècle).
Mais alors, quelle différence avec le ninja ? Après tout, c’est aussi un guerrier japonais du Moyen Âge ! Oui, mais contrairement au samurai qui appartient à l’élite et obéit à un code d’honneur, le ninja est issu de la classe inférieure et remplit de sombres missions (assassinats, vols, espionnage). Le nom ninja lui-même signifie « espion ». Vous ne verrez plus les Tortues Ninja du même œil !
Et un yakuza, alors ? Son existence est beaucoup plus récente : il s’agit d’un membre d’une organisation japonaise comparable à la mafia.
Attention, faux ami ! La « sauce samouraï » n’a absolument rien de japonais ! Il s’agit d’un mélange de mayonnaise, de ketchup et de sambal ulek (pâte de piments indonésienne) ou de harissa.
Sumo
C’était le sport préféré de notre ancien président de la République, Jacques Chirac !
Le nom japonais sum?, avec un « o » long, francisé en « sumo », signifie « lutte ». C’est en effet la lutte pratiquée par des adversaires exceptionnellement grands et corpulents, où chaque lutteur doit contraindre l’adversaire à sortir d’un espace très limité.
Par ellipse, on appelle aussi « sumo » un lutteur de sumo (au pluriel : des sumos).
Geisha
Le nom geisha vient du japonais gei, « culture » ou « art », et sha, « personne ». En effet, une geisha est avant tout une ambassadrice de la culture japonaise.
Ayant suivi une formation stricte, renoncé à se marier et à avoir des enfants, une geisha connaît le chant, la poésie, la musique, l’art de servir le thé…
Une geisha est reconnaissable au maquillage blanc qui couvre son visage, à sa bouche rouge, à sa coiffure volumineuse et à son kimono coloré.
Otaku
Ce mot ne figure pas dans le dictionnaire français, mais vous l’avez peut-être déjà lu ou entendu. Au Japon, un otaku est une personne qui se consacre de façon obsessionnelle à un loisir d’intérieur tel que les mangas, les animes et les jeux vidéo. Depuis l’apparition des réseaux sociaux, force est de constater que nombre d’adolescents français ressemblent à des otakus !
Il existe même un nom dérivé (mais toujours pas dans le dictionnaire), otakisme, pour nommer le phénomène.
De sens proche, le nom japonais hikikomori désigne une personne s’isolant volontairement de la société, tout en conservant le confort du foyer. Nul doute que les confinements de ces dernières années et l’essor des achats en ligne ont contribué à faire naître çà et là des « hikikomoris ».
Sandrine Campese
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