C’est l’une des fautes d’orthographe les plus courantes : écrire « ballade » au lieu de « balade ». En plus d’être identiques à une lettre près, ces homophones ont une histoire commune. Si nous arrivons désormais à les distinguer, grâce aux explications du Projet Voltaire, ce n’est pas toujours le cas dans certains titres d’œuvres, et notamment de films. Voici trois exemples où la « balade » s’est transformée, non sans fausses notes, en « ballade ».
1/ La Ballade sauvage
C’est ainsi que le titre du film de Terence Malick, sorti en 1975, était orthographié sur la version française de l’affiche. Si l’erreur a été depuis corrigée, elle subsiste sur la jaquette du DVD.
Pourtant, c’est un road-movie, un film dont les personnages prennent la « route », durant une fuite ou un voyage. Ici, il s’agit de la cavale sanglante de deux amants à travers le Midwest. Il est donc évident que le nom balade est à prendre au sens de « promenade » (même si ce n’est pas une promenade de santé !). Dans ce cas, balade ne prend qu’un « l ».
Rappelons qu’avec deux « l », la ballade est une composition poétique ou musicale et, par extension, une chanson. Est-ce parce que Gérard Lenorman a chanté La Ballade des gens heureux en 1975, soit la même année que la sortie française du film de Malick, que les traducteurs ont orthographié La Ballade sauvage avec deux « l » ?
2/ La Ballade de Narayama
Deux titres de films japonais ont été traduits en utilisant le mot « ballade » alors que ce dernier ne paraît pas justifié au regard des histoires traitées.
Dans La Ballade de Narayama, palme d’or au Festival de Cannes de 1983, une vieille dame doit se rendre au sommet d’une montagne pour y mourir. La musique a beau avoir une place de choix dans ce chef-d’œuvre de Shohei Imamura, l’orthographe « ballade » ne convient pas au récit d’une ascension, aussi poétique soit-elle.
De même, dans La Ballade de l’impossible (2011), adaptation du roman éponyme, il n’est pas question de mélodies mais bien d’amours enfuies !
3/ La Ballade des Dalton
Enfin, pourquoi « ballade » prend-il deux « l » dans le titre du dessin animé La Ballade des Dalton de René Goscinny et Morris (1978) ? Dans cet épisode, les quatre frères aux pyjamas rayés partent à la recherche du juge et des membres du jury qui ont condamné leur oncle à mort. Ce n’est qu’après les avoir éliminés un par un qu’ils pourront toucher l’héritage familial, conformément aux dernières volontés du tonton.
Aussi insolite et funeste que paraisse cette « balade », elle devrait s’écrire avec un seul « l ». À moins que l’orthographe du titre ne se base sur la chanson du dessin animé intitulée (justement cette fois-ci) La Ballade des Dalton. Quel rapport avec l’histoire qui est racontée ? Aucun, mais comme dirait un célèbre duo comique, nous ne voyons pas d’autre explication !
Heureusement, « balade » est bien orthographié dans le titre de la comédie française Le Gendarme en balade (1970), du court-métrage d’animation russe La Balade de Babouchka (2012) et, plus récemment, du thriller américain Balade entre les tombes (2014). Trois films à ne pas envoyer… balader !
Sandrine Campese
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Moyen mnémotechnique simple: les balades seraient moins fatigantes si nous avions deux « l ».
Bonjour Créon, très intéressante aussi, cette astuce, mais je crains que le cerveau ne retienne que la mention des deux « l » (et non la phrase entière). Bon après-midi.
Bonjour, j’ai « inventé » un moyen mnémotechnique :
« Il chante une ballade à sa belle » (2L pour « belle » donc 2L pour « ballade »).
Si la balade ne se chante pas, il n’y a qu’un L.
Peut-être d’autres idées ?
Très chouette, cette astuce ! Celle que j’ai imaginée est visuelle : http://www.actualitte.com/images/carousel/ballade-55e15d7ee5d16.gif. Bon après-midi !
Ajoutons la « Ballade de l’impossible », film japonais de Tran Anh Hung, distingué à la Mostra de Venise en 2011. Il aurait mieux valu conserver le titre original « Norwegian Wood »…
Et que dire du domaine littéraire ? Plusieurs romans portent en titre des « Ballades » qui semblent n’être souvent que des aventures ou des errances.
Bonjour Chambaron, merci pour l’ajout. Oui, nous pourrions faire la même chose avec les oeuvres littéraires. Chaque chose en son temps :-). Belle journée à vous !