Babinski, décompenser, érythrosique… Parlez-vous le jargon médical ?

C’est de notoriété publique : les médecins ont une écriture quasi indéchiffrable. Tout aussi obscur est leur langage, ponctué de termes savants, souvent reformés sur le latin ou sur le grec. Ainsi un patient peut-il être « cortiqué » ou « érythrosique », autrement dit « intelligent » ou « alcoolique ». Aux côtés de termes plus courants, comme « antécédents », se côtoient des noms de réflexe et de syndrome, tels Babinski et Münchhausen. Prescription du jour : retenir ce petit lexique par cœur vous permettra de mieux comprendre votre docteur !

ANTÉCÉDENTS

C’est le B.A.-BA, ce qu’il faut savoir sur chaque patient, à partir des informations qu’il fournit (maladie, allergie…). Il y a les antécédents personnels (propres au patient) et les antécédents familiaux (qui concernent sa famille).

BABINSKI

Nom d’un « réflexe cutané plantaire ». Le médecin stimule la plante du pied du patient, de manière à produire une « élévation lente et majestueuse » (selon l’expression consacrée) du gros orteil. Si ce n’est pas le cas, il souffre d’un problème neurologique. Par exemple, on utilise le réflexe de Babinski sur des plongeurs qui ont subi un accident de décompression.

CARDIOMÉGALIE

Certes, dans le jargon médical, la cardiomégalie est une maladie. Elle désigne l’augmentation du volume du cœur. Mais rien n’empêche d’utiliser le mot dans son sens premier de « grand cœur ».

CORTIQUÉ

Dans le langage médical, quelqu’un de « cortiqué » n’est pas bête. Les médecins l’emploient plutôt à la forme négative ; quelqu’un de peu cortiqué étant simple d’esprit.

DÉCOMPENSER

Passer d’un état stable à un état pathologique. On parle de décompensation cardiaque, respiratoire, mais aussi psychologique.

ÉRYTHROSIQUE

Cet adjectif qualifie un faciès tirant sur le rouge, fréquent chez les personnes ayant une consommation excessive d’alcool. Il s’agit d’une façon « médicalement élégante » de parler d’un patient alcoolique.

IATROPHOBIE

C’est la peur d’aller chez le médecin, du grec iatros, « médecin » (d’où psychiatre, gériatre…). L’inverse, l’iatrophilie, est plus rare…

MÜNCHHAUSEN

Prononcez « Mune-chow-zeun ». C’est le nom savant d’un syndrome bien connu, celui du malade imaginaire ! Rien à voir avec l’hypocondrie (la peur d’être malade) : il s’agit d’un trouble mental conduisant une personne à simuler une maladie. C’est bien du syndrome de Münchhausen qu’est atteint Argan, le personnage du Malade imaginaire, célèbre pièce de Molière (1673).

ORCHIDOCLASTE

Bon d’accord, c’est un terme pseudo-médical, mais comment ne pas l’inclure dans notre inventaire ? D’origine grecque, il signifie « qui brise les testicules ». On connaît tous au moins une personne un tantinet orchidoclaste !

SCIALYTIQUE

C’est le nom du dispositif d’éclairage dans les salles d’opération. La lumière produite est très intense et garantie sans ombre. Bien pratique en chirurgie, mais pas l’idéal pour flatter la silhouette ou créer une ambiance intimiste.

Sandrine Campese
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