Nous continuons notre petit tour d’horizon au pays des homophones ! Avez-vous réservé un hôtel, là où filaient jadis les jeunes mariés après s’être rendus à l’autel ? Puis nous embarquerons sur un balai, d’origine gauloise, pour assister à un ballet, venu d’Italie. Espérons, pour finir, qu’au sommet du piton, mot provençal, ne se trouve pas un python, tout droit issu de la mythologie grecque !
autel et hôtel
Si aujourd’hui ces deux homonymes s’opposent, ils sont tous deux liés, de près (autel) ou de loin (hôtel) à la religion. Dans l’Antiquité, l’autel était la table servant aux sacrifices d’animaux, puis chez les chrétiens, la table où l’on célèbre la messe. Par extension, l’autel désigne la religion, notamment dans l’expression « le trône et l’autel », où le trône incarne la monarchie. Aujourd’hui, « aller à l’autel » signifie « se marier ».
D’abord écrit hostel, l’hôtel était un hôpital administré par l’Église (hôtel-dieu) avant de devenir une riche demeure (hôtel particulier) et un établissement public (hôtel de ville). C’est au XVIIe siècle que l’hôtel remplace l’auberge et gagne son sens actuel.
balai et ballet
Le ballet, de l’italien balletto, est une danse exécutée sur scène par plusieurs personnes, et par métonymie, la troupe de danseurs et la musique qui les accompagne.
Le balai est un peu moins délicat puisqu’il pourrait venir du gaulois. Nous avons hérité d’une centaine de mots de langue celtique comme alauda, « alouette », carruca, « charrue » et sapo, « savon ». Il est donc possible que balai soit issu du gaulois balatno signifiant « genêt ». En effet, le mot désignait un faisceau de branches de genêt avant de devenir l’ustensile ménager permettant à la poussière de voler et à la sorcière de s’envoler !
Depuis 1990, il est recommandé d’aligner l’orthographe de relais sur celui de balai ou de délai, ce qui donne « relai ».
piton et python
Dans la mythologie grecque, Python est un serpent monstrueux, fils de Gaïa (la Terre) qu’Apollon tua de ses flèches pour se rendre maître de l’oracle de Delphes. Il a donné son nom au grand serpent d’Afrique et d’Asie qui s’enroule autour de sa proie pour l’étouffer.
Le piton n’est pas né d’une légende mais du provençal pitar, « picorer, picoter ». C’est une sorte de clou dont la tête est percée d’un anneau pour retenir des crochets. Utilisé en escalade et en alpinisme, le piton sert d’appui sur la roche ou la glace. En géographie, et notamment aux Antilles, il désigne les pointes les plus élevées d’une montagne (Gros Piton et Petit Piton, à Sainte-Lucie).
C’est pour calmer la colère de Gaïa qu’Apollon créa les Jeux pythiques, les plus importants de la Grèce antique après les Jeux olympiques !
Sandrine Campese