Éden, Nirvana, Élysée… 5 mots littéraires pour désigner le « paradis »

1- ÉDEN

C’est souvent le premier mot qui nous vient à l’esprit quand on évoque le paradis. Il est issu de l’hébreu eden, « délices ». Son « n » final se prononce.

Avec une majuscule, l’Éden est un nom propre qui désigne, selon la Bible, le lieu où se trouve le paradis terrestre.

Avec une minuscule, l’éden est, dans la langue littéraire, un lieu de délices, un séjour agréable et paisible. Ex : un éden de verdure.

En ce sens, il prend la marque du pluriel : des édens. Il existe également sous forme d’adjectif : « édénique », c’est-à-dire « agréable comme un éden, un paradis ». C’est l’équivalent soutenu de « paradisiaque ».

On n’oubliera pas l’accent aigu sur le premier « e » de « éden » et de ses dérivés (certes plus rares) : édéniser, édénisme… Pour le nom propre « Éden », le premier « e » en majuscule doit également être accentué.

Que sont les limbes ? C’est, dans la religion catholique, le séjour des âmes des justes avant la Rédemption ou des enfants morts sans baptême. Mais comme elles sont situées « aux marges de l’enfer », on a parfois du mal à en délimiter les contours. Voilà pourquoi, au sens large, les limbes désignent une situation vague, incertaine. Ex : Ce projet est resté dans les limbes.

2- NIRVANA

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le nirvana n’est pas un lieu, mais un état.

« Nirvana » est un mot sanskrit (une langue rare de l’Inde) qui veut dire « extinction ».

En effet, dans le bouddhisme, le nirvana désigne l’extinction du désir humain, ce qui entraîne la fin du cycle des réincarnations.

Passé dans la langue courante, il s’emploie pour décrire un état de sérénité complète, souvent dans l’expression « atteindre le nirvana ». « Je veux atteindre le nirvana… » chantait Doc Gynéco dans les années 90. Sans oublier le nom du célèbre groupe de grunge américain, Nirvana (avec une majuscule) !

Pourquoi ce terme s’apparente-t-il au paradis ? Parce qu’en délivrant l’homme de tous les désirs et de tous les maux, il lui permet d’accéder à la béatitude.

Notons que « nirvana » est un nouvel entrant dans la 9édition du Dictionnaire de l’Académie française.

Qu’est-ce que le Valhalla ? Si le mot est absent des dictionnaires, il mérite tout de même une définition ! Il s’agit, dans la mythologie nordique, de l’endroit où les valeureux guerriers défunts sont amenés. Un paradis des braves, un panthéon martial, en quelque sorte.

3- ÉLYSÉE

Avant d’être le nom d’une célèbre avenue parisienne, ou encore la résidence du président de la République française, l’Élysée (ou les champs Élysées) désigne, dans les mythologies grecque et romaine, le séjour des bienheureux. Il est parfois indiqué « des âmes des héros et des hommes vertueux », ce qui le rapproche du paradis nordique susnommé, le Valhalla. Précisons que l’Élysée fait partie des Enfers. En ce sens, c’est un nom propre qui prend une majuscule et qu’il n’est pas rare de croiser en poésie.

Comme « éden », il est passé en tant que nom commun dans la langue littéraire au sens de « lieu délicieux », « séjour enchanteur », souvent planté de beaux arbres. Ex : un élysée champêtre. Il existe même un adjectif : « élyséen ».

Sur le nom propre se sont donc formés « les Champs-Élysées » pour désigner la plus grande avenue de Paris et « le palais de l’Élysée » (ou l’Élysée tout court), qui désigne aussi, par métonymie, la présidence de la République française. Ex : le rôle de l’Élysée dans la politique du pays, être candidat à l’Élysée.

4- EMPYRÉE

Dans ce joli nom masculin, appartenant à la langue littéraire, on trouve la racine grecque p?r,qui signifie « feu » (d’où pyromane, pyrotechnie…). Étymologiquement donc, l’empyrée est « embrasé, en feu ».

Dans l’Antiquité, le mot désigne d’abord la sphère céleste supérieure où se trouve le feu originel, puis la partie la plus élevée du ciel, où séjournent les déesses et les dieux de la mythologie.

On l’emploie encore, dans la langue littéraire, au sens de « firmament » ou de « voûte céleste ». Ex : les étoiles de l’empyrée.

Être dans l’empyrée, c’est être dans un lieu de délices et, par extension, être dans les nuages, rêver. C’est, au sens large, le séjour des bienheureux !

Enfin, dans la langue littéraire, on rencontre parfois « l’Olympe », de même sens, qui a d’ailleurs donné l’adjectif « olympien ». D’où être « d’un calme olympien », comme les divinités du mont Olympe.

5- ELDORADO

Avec l’eldorado, on quitte le « ciel » pour revenir à la terre.

Étymologiquement, l’eldorado est « el (pais) dorado » en espagnol : le pays doré, le pays de l’or !

Comme « éden » ou « élysée », il a deux acceptions, selon qu’il prend une majuscule ou une minuscule. Avec une majuscule, l’Eldorado est une contrée mythique d’Amérique du Sud supposée regorger d’or et de pierres précieuses. Avec une minuscule, l’eldorado est un pays chimérique où l’on a tout en abondance, où la vie est facile.

Attention, il n’y a pas d’accent sur le « e ».

Autres expressions proches de l’eldorado : le pays de cocagne, terre imaginaire où l’on a tout à profusion et sans peine, et l’oasis, en tant que lieu ou moment reposant, agréable (dans un milieu hostile, une situation pénible). Mais gare aux hallucinations, surtout en plein désert !

Sandrine Campese

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