Le Fléau de Dieu, la Pucelle d’Orléans, l’Éminence rouge… Dix surnoms restés dans l’Histoire (première partie)

De nombreux personnages de l’Histoire de France, et en particulier les monarques, ont été désignés par des surnoms, que ce soit de leur vivant ou après leur mort. Tantôt intégrés au patronyme, tantôt utilisés à sa place (telle une périphrase), individuels ou collectifs, ces « petits noms » en disent long ! Pourquoi et comment ont-ils été choisis ? Que signifient-ils exactement ? Voici notre décryptage de dix célèbres surnoms.

1- Le fléau de Dieu

C’est ainsi que l’on surnomme Attila, le chef des Huns, parce que ce peuple venu d’Asie avait déjà envahi les territoires de l’ouest et une partie de la Gaule quand ils furent enfin vaincus lors de la bataille des champs Catalauniques (en Champagne) à l’été 451.

Pourquoi « le fléau de Dieu » ? Parce qu’Attila saccagea ville après ville pendant des années, tel un fléau s’abattant sur la population. Il paraît même que l’herbe ne repoussait plus après son passage !

Vous l’aurez compris, aux yeux de l’Histoire, pour le meilleur et surtout pour le pire, Attila est… hunnique !

2- Martel

Surnom attribué à Charles, maire du Palais sous les Mérovingiens et qui dirigea la Francie (ensemble de royaumes francs, ancêtre de la France) de 718 à 741. Charles Martel est connu pour avoir vaincu les troupes musulmanes venues d’Espagne en 732.

Le martel (devenu marteau) symbolise ici la force, la pugnacité. On le retrouve dans « se mettre martel en tête » (se faire du souci) ou encore le verbe marteler.

Les Rois fainéants : ce sont les derniers rois mérovingiens, qui possèdent encore le titre royal mais n’exercent pas le pouvoir.

3- Le Bref 

Le fils de Charles Martel, Pépin, sacré roi des Francs en 751, fut appelé « le Bref » en raison de sa petite taille. Ce surnom ne lui a pas été donné de son vivant, mais bien plus tard par les historiens. Pépin le Bref est le premier roi de France à se faire sacrer, inaugurant la dynastie des Carolingiens qui connaîtra son apogée avec Charlemagne.

Surnom de famille : l’épouse de Pépin le Bref, Bertrade de Laon, est plus souvent appelée « Berthe au Grand Pied » !

4- Capet 

Le surnom « Capet » est attribué à Hugues, élu roi des Francs le 1er juillet 987, puis sacré deux jours plus tard à Reims. S’il n’a été roi que neuf ans, il est le premier de la dynastie des Capétiens, qui a donné pas moins de 37 rois de France entre 987 et 1848 !

Hugues Capet a été surnommé ainsi parce qu’il possède dans une de ses abbayes la cape (considérée comme relique) de saint Martin, protecteur du royaume.

D’Hugues Capet à Louis Capet :à partir du 21 septembre 1792, Louis XVI redevient « Louis Capet ». Quand il est exécuté le 21 janvier 1793, il n’est donc plus roi…

5- Auguste

Le nom de cet illustre empereur romain s’est accolé à celui du roi de France Philippe II afin de symboliser la grandeur.

Pendant son règne (1180-1223), il quadruple la superficie de son royaume en guerroyant contre l’Angleterre et ses alliés. Il remporte la bataille de Bouvines en 1214 et conquiert la Normandie, l’Anjou, le Maine, la Touraine… C’est aussi un grand administrateur : il renforce le pouvoir royal sur l’ensemble du territoire.

Premier roi de France : Philippe II Auguste est le premier à signer ses actes officiels « roi de France » et non plus « roi des Francs » comme le faisaient ses prédécesseurs.

6- Saint Louis

C’est le surnom donné à Louis IX, considéré comme un saint de son vivant. C’est le fondateur de la monarchie moderne (par opposition à la monarchie féodale), un roi réformateur, justicier, bâtisseur et très chrétien ! Après un long règne de 43 ans, Saint Louis meurt à Tunis en 1270, lors de la huitième croisade. Il est canonisé en 1297.

Saint Louis rendant la justice sous un chêne est une image bien connue de l’Histoire de France. Mythe ou réalité ? Réalité, si l’on en croit le témoignage de Joinville, son proche conseiller. Assis dans le parc du château de Vincennes, le roi statuait sur les affaires qu’on lui soumettait.

7- La Pucelle d’Orléans

Surnom de Jeanne d’Arc, âgée d’à peine treize ans quand elle entend les voix divines qui lui donnent pour mission de libérer Orléans du siège anglais (« bouter les Anglais hors de France ») et faire sacrer Charles, l’héritier légitime du royaume de France, à Reims. Sa mission accomplie, Jeanne est capturée et livrée aux Anglais. Elle meurt sur le bûcher le 30 mai 1431, à Rouen. Elle a alors 19 ans.

Autre nom (tristement) mémorable, celui de l’évêque acoquiné aux Anglais, ayant instruit le procès en sorcellerie et en hérésie de Jeanne d’Arc, un procès inique aux yeux de l’Histoire. Il s’agit de l’évêque Cauchon.

8- Le Vert Galant

C’est parce qu’Henri IV collectionne les conquêtes qu’il est surnommé le « Vert Galant ». On lui connaît une trentaine de maîtresses, la plus célèbre étant Gabrielle d’Estrées. Pour Larousse, Vert Galant se dit d’un « homme d’un certain âge encore alerte et entreprenant auprès des femmes ». 

Heureusement, Henri IV ne se préoccupe pas que des femmes durant son règne, il mène la guerre contre l’Espagne et la Savoie, redresse l’économie (aidé par le duc de Sully), construit des châteaux… Mais ce que l’on retient surtout de lui, c’est l’édit de Nantes en 1598 et son assassinat en 1610.

Deux autres surnoms : Henri IV est aussi appelé « Henri le Grand » et « le Bon Roi Henri ».

9- L’Éminence rouge

Surnom de Richelieu qui contient le titre honorifique donné aux cardinaux et la couleur rouge de sa cape. Le 29 avril 1624, le cardinal de Richelieu entre au Conseil du roi Louis XIII et devient son principal ministre.

Il a pour mission de renforcer le pouvoir royal. Considéré comme le fondateur de l’État moderne, Richelieu prépare le terrain à l’absolutisme qui s’incarne pleinement avec Louis XIV par la suite.

Éminence grise : ce que l’on sait moins, c’est que le Cardinal de Richelieu est lui-même assisté d’une éminence grise, le père Joseph, qui œuvre dans l’ombre…

10- Les Immortels

C’est ainsi que l’on surnomme les membres de l’Académie française, officiellement créée le 29 janvier 1635. Les Immortels sont chargés de composer un dictionnaire, dont la 9e édition est en cours. Aucune condition de titre ou de nationalité pour entrer à l’Académie, si ce n’est avoir « illustré » la langue française !

Pourquoi « Immortels » ? En référence à la devise de l’Académie française, « À l’immortalité » (de la langue française), mais aussi parce que le nombre d’académiciens ne diminue jamais, et qu’ils ne sont remplacés qu’après leur décès.

Lire la deuxième partie : L’Autrichienne, le petit Caporal, le Tigre… Dix surnoms restés dans l’Histoire.


Sandrine Campese

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