Acmé, faîte, pinacle… 10 mots pour désigner le sommet

La langue française est réputée pour ses nombreux synonymes et ses nuances. Parfois, une même idée peut être exprimée par plusieurs mots. C’est le cas du nom « sommet » qui, au sens propre comme au sens figuré, se dit de différentes manières, plus exactement grâce à dix mots, dont la plupart sont issus de la langue littéraire. De quoi « élever » son vocabulaire !

1. ACMÉ

Ce mot vient du grec akmê qui signifie « pointe, sommet ». Il désigne le point culminant, le plus haut degré d’intensité.

  • En médecine, l’acmé d’une maladie est la phase où les symptômes sont le plus aigus.
  • Plus généralement, l’acmé est le point le plus élevé atteint par un art, une civilisation, une doctrine, etc., dans son développement, ou par quelqu’un dans l’évolution de sa pensée.

Pour les dictionnaires Larousse et Le Robert, le nom peut être masculin ou féminin. L’Académie française, elle, ne reconnaît que le féminin.

Attention à ne pas confondre « acmé » avec son paronyme… « acné » !

2. APOGÉE

Avec « apogée », préparez-vous à faire un voyage… dans l’espace ! En effet, le mot vient du grec apogeion, qui signifie « éloigné de la Terre ».

Littéralement, donc, l’apogée est le point où un astre (Lune, Soleil, etc.) est le plus éloigné de la Terre. Le contraire de l’apogée est… le périgée !

Et au figuré ? C’est le point le plus élevé ! On l’emploie souvent dans l’expression : « être à l’apogée de sa carrière, de sa gloire », c’est-à-dire au haut degré que l’on puisse atteindre.

Ne vous fiez pas aux apparences : en dépit de sa terminaison en « –ée », « apogée » est un nom masculin !  Tout comme caducée, Colisée, lycée, macchabée, mausolée, musée, périnée, pygmée, trophée

On évitera le pléonasme « au summum, au maximum de son apogée », tous ces termes étant synonymes.

À lire également sur notre blog : Apogée, échappatoire, hémisphère… Ces noms sont-ils féminins ou masculins ?

3. APOTHÉOSE

Dans « apothéose », on reconnaît immédiatement le nom theós, qui signifie « dieu », et plus précisément apotheôsis, « action d’élever au rang des dieux ».

Ainsi, à l’origine, l’apothéose était la déification des empereurs romains (l’apothéose d’Auguste), celle des héros après leur mort (l’apothéose d’Hercule) et, par extension, les honneurs extraordinaires rendus à quelqu’un.

De cette acception est né le sens figuré : la dernière partie, la plus brillante (d’une œuvre, d’un spectacle, d’un film…) et le plus haut degré de quelque chose.

4. CLIMAX

Eh non, ce terme n’est pas qu’un anglicisme, on l’utilise aussi en français, où l’on prononce « climax » (et non « claïmax ») ! Le mot nous vient du grec klimaks, qui signifie « échelle, gradation ».

Il a d’abord une acception scientifique (le point culminant dans une progression) et géographique (l’état optimal d’équilibre écologique), et, au sens figuré, il désigne le moment le plus intense, généralement dans une œuvre de fiction (livre, film, série…). C’est dans ce dernier sens qu’on l’entend souvent prononcé à l’américaine.

5. COMBLE

Le comble désigne le plus haut degré de quelque chose, le point culminant. Il très proche du nom « faîte ». On parle du « comble du ridicule », du « comble de la joie ».

Le mot compose l’expression « C’est le comble ! » ou « C’est un comble ! », autrement dit : « Il ne manquait plus que cela ! »

Le comble (ou les combles), c’est aussi l’espace compris entre le dernier étage et le toit (sous les combles = sous le toit). D’où l’expression « (fouiller) de fond en comble », c’est-à-dire de bas en haut, de la cave au grenier.

6. EMPYRÉE

Après l’apothéose, revenons chez les dieux avec l’empyrée ! Comme « apogée », ce nom est masculin en dépit de sa terminaison en « ée ». Il a également une racine grecque : empúrios (de pûr, « feu »), c’est-à-dire « qui est enflammé ». On retrouve cette même origine dans « pyromane ».

Dans la mythologie, l’empyrée est la partie la plus élevée du ciel, où séjournent les dieux. Au sens plus large, dans la langue littéraire, l’empyrée est le ciel, le monde supraterrestre, le séjour des bienheureux.

Et nous, pauvres mortels, pouvons-nous espérer atteindre un jour l’empyrée ?

Attention à ne pas confondre « empyrée » avec le verbe « empirer » (devenir pire) qui, au passage, n’existe pas sous la forme « s’empirer ».

7. FAÎTE

Le faîte, c’est la partie la plus élevée d’un bâtiment, d’un édifice, et en particulier l’arête d’un toit (d’où le faîtage, la ligne de faîte…).

Attention, pour qu’il y ait « faîte », il faut que ce bâtiment, cet édifice soit déjà élevé ! « Cime », « haut », « sommet » sont ses synonymes courants. On parle ainsi du faîte d’un arbre, du faîte d’une montagne.

« Faîte » a également le même sens figuré que « sommet » : le degré le plus élevé de quelque chose. Par exemple dans l’expression « être au faîte de la gloire », c’est-à-dire « être au sommet de la gloire ». On dit aussi « apogée » dans le même sens.

Depuis les rectifications orthographiques de 1990, on peut également écrire « faite », sans accent circonflexe.

8. PINACLE

Le nom pinacle vient du latin pinnaculum, lui-même issu de pinna, « créneau ».

Comme « faîte », il a d’abord une acception architecturale puisqu’il désigne le sommet d’une construction (et plus spécifiquement le clocheton élancé qui couronne les édifices gothiques).

Au figuré, le pinacle est un haut degré d’honneurs. Ainsi, porter quelqu’un au pinacle, c’est le porter aux nues. Et dans le cas contraire ? Au pilori !

9. SUMMUM

Voilà un mot latin passé directement en français, à cela près qu’on le dit habituellement « seumeum » (comme dans « album ») et non « soumoum » qui est la prononciation latine.

Le nom summum signifie littéralement « sommet » et désigne lui aussi le plus haut point, le plus haut degré dans un domaine. Il est à rapprocher d’un autre mot latin de même sens : maximum. On le rencontre souvent dans l’expression « être au summum de sa gloire », autrement dit « à l’apogée » ou « au faîte de sa gloire ». La boucle est bouclée !

Il compose enfin l’expression « C’est le summum », qui signifie « On ne peut pas faire mieux » (c’est le summum du luxe), mais aussi… « On ne peut pas faire pire » (c’est le summum de la bêtise).

Au pluriel, « summum » est très peu usité. Si besoin, on l’écrira « summums », avec un « s » final.

À lire également sur notre blog :Quinze mots latins que nous employons tous les jours (ou presque)

10. ZÉNITH

Et pour finir, le nom « zénith », du latin zenit ! Trace de cette étymologie, « zénith » s’écrivait « zénit » aux XVIIIe et XIXe siècles.

Comme « apogée », « zénith » est un terme d’astronomie qui désigne le point du ciel situé à la verticale de l’observateur, vers le haut. On peut ainsi « regarder au zénith ». Et quel est l’opposé ? Le nadir !

C’est également, au sens littéraire et figuré, le point culminant, le plus haut point de quelque chose. On le retrouve ainsi ainsi dans les expressions « être à son zénith » et « le zénith de la réussite ».

Sandrine Campese

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