Le Certificat Voltaire en Suisse connaît sa championne. Il s’agit de Christine AGUET, correctrice professionnelle. Elle a obtenu le score de 964 !
Peut-on en savoir un peu plus sur la championne à la certification d’orthographe en Suisse ?
Domiciliée à Genève et de nationalité helvético-française, je suis née en France, dans le Lot-et-Garonne. J’y ai vécu jusqu’à l’âge de quatorze ans, avant que ma famille ne s’installe en Suisse. Je voue une véritable passion à la langue française ; mon bloc-notes se nomme précisément Amour de la langue française. La lecture est mon passe-temps favori. À l’école puis au collège, où j’ai étudié le latin, mes matières préférées étaient le français et les langues étrangères. Je dévorais les livres, principalement des romans, écrivais des nouvelles et raffolais des dictées.
Autodidacte, je ne possède aucun diplôme. Connaissant l’italien et l’anglais, j’ai œuvré de manière intermittente, par choix, essentiellement à titre de secrétaire-réceptionniste ; cela surtout dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix (huitante et nonante en Suisse romande), période propice à l’emploi. Ensuite, désireuse de faire de ma passion mon métier, j’ai suivi tardivement, en 2005-2006, la formation au métier de correctrice auprès du Centre d’Écriture et de Communication, sis à Paris. Au bénéfice de l’attestation de ce stage, j’ai tenté de trouver un poste stable à Genève, auprès de maisons d’édition, de la presse, etc. Hélas ! sans succès, car la plupart n’emploient plus de correcteurs salariés (cf. à ce sujet l’article de Libération du 6 janvier 2010, intitulé « Correcteurs à rude épreuve »). J’ai donc décidé de devenir indépendante via mon site internet Mots bleus, en ligne maintenant depuis trois ans et demi. À ce jour, j’ai effectué des corrections pour une clientèle issue de domaines variés et internationale. Néanmoins, je déplore que les relectures qui me sont confiées soient si rares. Nombreux sont ceux qui boudent les services des correcteurs professionnels en ne se souciant guère de publier des textes mal orthographiés. Mon vœu le plus cher serait de pouvoir, grâce à la Certification Voltaire, développer mon activité et en vivre.
On constate beaucoup de fautes – fréquemment grossières – dans les journaux, les courriels, les sites internet, à la télévision… et même dans plusieurs livres ! Telles les taches, elles m’apparaissent comme une marque de négligence, voire d’irrespect. En tout cas, leurs auteurs perdent leur crédibilité. Je fais preuve d’indulgence vis-à-vis du langage SMS employé sur les téléphones portables, pourvu qu’il soit strictement réservé à ce seul moyen de communication. Quant à la féminisation des mots, elle est souvent excessive et n’a pas mon approbation. « Pasionaria » du français, je suis farouchement opposée à toute réforme ou simplification de l’orthographe. La beauté de la langue française réside justement dans ses difficultés. J’ai été émerveillée par le Bulgare Peter Yordanov qui a conquis en 1992, dans la catégorie des juniors non francophones, le titre de champion du monde d’orthographe avec un zéro faute époustouflant.
Comment s’est passée la Certification Voltaire ?
J’attendais depuis longtemps qu’une telle reconnaissance existe. C’est pourquoi l’annonce de cet examen, parue dans le quotidien genevois Le Temps, m’a réjouie. Quand je l’ai passé, je me suis délectée, mais la méthode pratiquée pour cibler les erreurs m’a d’abord troublée. J’ai obtenu 964 points, ce qui certifie mon statut d’expert. J’en suis vraiment contente, même si je comptais acquérir 980 points et rêvais secrètement de battre le record. Il se pourrait d’ailleurs que je m’inscrive à nouveau.
Vous étiez-vous entraînée auparavant ?
Lorsque j’ai un doute, je consulte, à l’aide d’Internet, la Banque de Dépannage Linguistique, outil pédagogique québécois, Orthonet et le dictionnaire de l’Académie française, entre autres. De plus, je me suis entraînée avant le test – et bien m’en a pris ! – pendant quinze jours, au moyen des modules Supérieur et Excellence du Projet Voltaire – exercices en ligne d’entraînement à l’orthographe – , auquel je fais plusieurs fois référence dans mon bloc-notes. Ce logiciel, fort bien conçu, est agréable à utiliser et réellement efficace. Aussi compétent en français que l’on soit, on a toujours à apprendre, tant la langue de Molière est riche et subtile.
Le rôle de la Certification Voltaire vous semble-t-il important ?
Absolument. Un niveau correct, très bon ou excellent en orthographe me paraît un atout digne d’être mentionné dans un CV. Un bémol cependant : des écrits sans aucune faute peuvent, parfois, être perçus comme une insolence par certains recruteurs.
J’espère que la Certification Voltaire sera, bientôt, aussi connue et reconnue en Suisse qu’en France. Je souhaite également que le bien-écrire redevienne une qualité prisée, en particulier dans le milieu professionnel.
Nous vous remercions pour votre témoignage. Avez-vous une actualité ?
Oui. Mon site professionnel : http://www.motsbleus.ch (plus http://www.motsbleus.com).
Mon bloc-notes : http://amourdelalanguefrancaise.blogspirit.com
bonjour, en ce qui concerne les dictées, existe-il en France des clubs qui permettraient aux tout un chacun de s’exercer à l’écriture. Je serais très intéressée car je m’efforce toujours d’écrire sans faute même si de nos jours, on valorise moins l’orthographe (parfois à tel point que une bonne orthographe en deviendrait suspecte). Je trouve que cette recherche de la bonne écriture constitue un excellent exercice pour la mémoire et un élément propre au développement personnel, à aller chercher dans la mémoire du passé, à la fois bien ancré dans le présent et représentant une valeur sûre pour l’avenir. Merci
Sandra, il existe très certainement ce type de clubs ou d’associations, même si je n’en connais pas moi-même. Mais peut-être que des internautes amis sauront vous aiguiller ?