blog
« Je t’aime, moi non plus » : les relations entre le français et l’anglais
Voici la seconde partie du compte rendu de la conférence passionnante du poète et essayiste Alain Borer, auteur du livre De quel amour blessée. Réflexions sur la langue française. Après les singularités de la langue française, nous nous interrogeons sur la place du français dans l’anglais et vice versa. Arguments à l’appui, l’auteur nous invite à défendre notre belle langue. La place du français dans l’anglais CIA, FBI, PhD, BA, GI… Saviez-vous que ces sigles américains n’étaient composés que de mots français ? CIA : central, intelligence, agence ; FBI : fédéral, bureau, investigation ; PhD (Philological Dissertation) : philologie, dissertation ; GI (General Infantery) : général, infanterie ; BA (Bachelor of…
Précision, prévenance, coprésence : les singularités de la langue française
Jeudi 19 mai, je me suis rendue à Nantes pour écouter le poète et essayiste Alain Borer, auteur du livre De quel amour blessée. Réflexions sur la langue française, que je conseille vivement aux lecteurs du Projet Voltaire. Voici un compte rendu de cette conférence passionnante, qui donne envie de défendre notre belle langue française. Première partie : ses singularités. Précision La langue française se caractérise par sa précision, que l’auteur nomme acribie. Pour illustrer son propos, il cite un extrait d’une résolution de l’ONU rédigée en anglais : « evacuation from occupied territories ». S’agit-il de l’évacuation de territoires occupés ou des territoires occupés ?…
« Court » est un mot court et autres exemples autologiques
Certains mots de la langue française ont la particularité de se décrire eux-mêmes, de posséder la propriété qu’ils expriment. Avec ses cinq lettres, court est un mot court : on dit qu’il est « autologique ». À l’inverse, long est bref : le signifié s’oppose au signifiant, il est « hétérologique ». Sans en être toujours conscients, nous employons quantité de mots autologiques et quelques mots hétérologiques dans nos écrits et nos conversations. Sauriez-vous les reconnaître ? Les mots autologiques Longueur et position : – court est court, – bref est bref, – couché est couché sur le papier (ou l’écran !), – horizontal est écrit à l’horizontale. Évidences : – existe…
Ours, dauphin, poule : le sens figuré des noms d’animaux
Quel lien existe-t-il entre un mammifère décliné en peluche et les mentions légales d’un journal ? Entre le plus élégant des cétacés et l’héritier du trône de France ? Entre une volaille de basse-cour et un match de base-ball ? À première vue aucun. Et pourtant, ces noms d’animaux ont la particularité d’être utilisés pour qualifier des choses, et même des personnes, qui leur sont bien étrangères ! Petit voyage en sémantique animalière. L’ours fait bonne impression L’ours, dans le jargon de la presse, c’est l’encadré où sont mentionnés les noms de toutes les personnes ayant participé à une publication, ainsi que…
Flaubert, Colette, Pivot : que pensent les lettrés de notre orthographe ?
Il n’y a pas que la réforme de l’orthographe, récemment remise sur le tapis, qui délie les langues. Dès le XVIIe siècle, avec Malherbe et l’abbé Girard, les écrivains, les poètes, les journalistes, les philosophes et, bien entendu, les linguistes ont exprimé leur point de vue sur les difficultés de notre langue. Certains ont jugé les fautes avec véhémence, d’autres avec indulgence, sans compter ceux qui ont préféré en rire. Voici, à travers une vingtaine de citations, ce que pensent les hommes et les femmes de lettres de notre sacro-sainte orthographe. Ceux qui sont bien remontés MALHERBE (poète) : « Si je m’y…
Consonnes finales muettes : d’où viennent-elles, à quoi servent-elles ?
On ne les entend pas et pourtant elles sont bien là ! Des consonnes muettes se sont installées à la fin de nos mots. La plupart d’entre elles ont été introduites dès le XVIe siècle par « relatinisation », conformément à leur étymologie latine. En prenant appui sur quelques noms courants, nous vous proposons de découvrir l’histoire de ces consonnes qui, il faut bien le reconnaître, sont source de nombreuses fautes d’orthographe… pouls D’abord écrit pous, « pouls » a gagné un « l » au XVIe siècle, en référence à sa racine latine pulsus. Le terme, employé en médecine, désigne le battement des artères et par extension l’endroit où l’on…
Balade et ballade, amande et amende… Ces homonymes dont l’orthographe a évolué
Nous le savons, l’orthographe française n’a cessé de varier au fil du temps. Ce n’est qu’au XIXe siècle qu’ont été fixées les graphies des mots que nous connaissons aujourd’hui. Pour appréhender ces « allers-retours », voici cinq paires d’homonymes. Leur particularité ? Au moins l’un d’eux a emprunté, par le passé, l’orthographe de l’autre ! philtre & filtre Jadis, le nom philtre s’écrivait « filtre », alors qu’il est issu du grec philtron, « moyen de se faire aimer ». Il désigne un breuvage propre à inspirer de l’amour. Quant au filtre, d’origine médiévale, il est d’abord apparu sous la graphie latine filtrum dans le vocabulaire des alchimistes,…
Indubitablement, laconiquement, subrepticement… 10 adverbes pour « briller en société »
Nous le savons, la langue française est riche, très riche. Or, la plupart du temps, nous utilisons un vocabulaire courant, certes compréhensible de tous, là où nous pourrions oser quelques coquetteries de langage. Et si vous glissiez dans une future conversation l’un des adverbes suivants, appartenant au langage soutenu, juste pour lui rendre hommage ? Et, qui sait, peut-être susciterez-vous la curiosité et l’admiration de votre interlocuteur… Compendieusement : de manière compendieuse, c’est-à-dire « en abrégé ». Ironie du sort, pas moins de cinq syllabes composent cet adverbe ! On peut tenter, par exemple, d’expliquer compendieusement la théorie de la relativité restreinte. Voir plus bas : « laconiquement ». Indubitablement :…
Crépuscule, hôte, remercier… Ces mots qui signifient une chose et son contraire
Notre langue a beau être riche, elle n’est pas exempte d’ambiguïtés. Certains mots, principalement des noms et des verbes, ont la particularité de signifier une chose et son contraire. Dans les années 1980, le sémiologue (expert en signes linguistiques) Roland Barthes a classé ces termes dans les « énantiosèmes », c’est-à-dire les « signifiants contradictoires ». Et des énantiosèmes, vous en utilisez tous les jours ! En voici la preuve. Des noms qui signifient une chose et son contraire CrépusculeÀ l’origine, le crépuscule désignait… le début du jour ! C’est au XVIe siècle qu’il apparaît au sens actuel de « pénombre suivant le coucher du soleil ». Mais…
À une lettre près : collision ou collusion ?
Avec une voyelle de différence, « collision » et « collusion » sont des paronymes. Leurs prononciations sont si proches qu’ils sont souvent confondus. Or ces deux noms n’ont absolument rien en commun, si ce n’est qu’ils viennent tous deux du latin. Voici trois bonnes raisons de ne plus jamais prendre l’un pour l’autre ! Collision et collusion n’ont pas la même étymologie Collision est issu du latin collisio, « choc, heurt », lui-même formé sur collidere. On reconnaît dans ce verbe le préfixe cum- (sous la forme col-), « avec », et laedere, « frapper, blesser », qui a donné le français « léser ». Ainsi, étymologiquement, une « collision » revient à « frapper…
Kangourou, vasistas, à tire-larigot… Vrai-faux sur l’origine des mots (2e partie)
Le mois dernier, nous avions levé le voile sur l’origine de dix mots et expressions de la langue française, en prenant soin, bien entendu, d’écarter les étymologies fantaisistes. Voici, toujours présentés sous la forme d’un vrai-faux, dix nouveaux termes dont le sens caché est toujours surprenant. Le croque-mort se nomme ainsi car jadis il mordait le gros orteil du défunt pour vérifier que ce dernier était bien mort. FAUX. Ici, le verbe croquer s’entend au sens vieilli de « faire disparaître ». Littéralement, le croque-mort est bien celui qui fait disparaître les morts, en les conduisant dans leur dernière demeure. À l’origine, « renard »…
La « réforme » de l’orthographe expliquée en 10 points
Le mois de février 2016 aura été marqué par l’annonce de l’application, à la rentrée prochaine, de rectifications orthographiques datant de 1990. Suite aux vives réactions provoquées par cette nouvelle, le Projet Voltaire a donné sa position et a fait réagir ses experts. Passé l’émotion, nous avons jugé utile de faire un tour d’horizon des principales modifications. Voici les 10 règles qui constituent la « nouvelle orthographe », laquelle, rappelons-le, ne se substitue pas à l’« orthographe traditionnelle ». 1- Les nombres composés Avant, on ne mettait de trait d’union qu’entre les dizaines et les unités, sauf quand elles étaient liées par « et »….