Du ministère de la défense aux métiers de la relecture et de la correction, Christine Verdier nous relate son parcours dont la Certification Voltaire avec un score exceptionnel de 932 n’est qu’une étape.
Vous venez de passer la certification d’orthographe Voltaire. Comment cela s’est-il déroulé ? Quel score avez-vous obtenu ?
Je me suis présentée à l’épreuve le 11 février, très curieuse de voir comment elle allait se dérouler. L’accueil à L’APAVE a été d’une gentillesse extrême, mais je dois avouer que j’en suis ressortie exténuée et dévorée d’impatience d’être de retour à la maison pour pouvoir vérifier les points qui m’avaient semé le doute. Je n’ai d’ailleurs toujours pas pu trouver les réponses à certaines subtilités !
Mon score est de 932. Il me satisfait car il légitime mes activités de rédactrice et de correctrice, mais je compte me représenter prochainement pour essayer de faire mieux. Je ne suis pas sportive mais cela ne m’empêche pas de rechercher les records personnels.
Félicitations, ce score correspond au niveau « expert » ! Pouvez-vous vous présenter ?
J’ai 57 ans, je vis dans le Sud de la France et j’ai renoncé l’année dernière à ma carrière dans l’administration pour me consacrer au français.
J’étais auparavant responsable Formation au ministère de la défense. Dans ce contexte, j’ai été amenée à organiser toutes sortes de formations mais celles qui m’intéressaient le plus étaient bien évidemment liées au français. C’est ainsi que j’ai animé avec passion, pendant plus de 10 ans, des séances de remise à niveau en orthographe et des cours de rédaction administrative.
Quand j’ai demandé à bénéficier d’une retraite anticipée en tant que mère de trois enfants, mon idée était de me lancer dans une carrière de correcteur mais le hasard en a décidé autrement et je suis à l’heure actuelle plus occupée à rédiger des pages d’accueil pour des sites Internet qu’à apporter mon concours à la littérature !
En quoi les fautes d’orthographe peuvent-elles être préjudiciables dans les ministères, ou plus généralement dans l’administration ?
Un fonctionnaire ou un agent public n’écrit que rarement en son nom propre. Il représente son service et son ministère. Si son texte est truffé de fautes, c’est eux qu’il ridiculise. Mais le problème des fautes d’orthographe est surtout humain et ne se limite pas au service public. Quoi que l’on en dise, votre manière d’écrire donne de vous une image qui peut être très positive ou totalement préjudiciable. Quelqu’un m’a dit une fois qu’une faute d’orthographe était un manque de respect pour le lecteur. C’est aller un peu loin car celui qui l’a commise n’en est pas conscient. Ce qui est certain, en revanche, c’est que leur éventuelle répétition peut gravement vous desservir.
Depuis votre départ du ministère, quels sont vos projets ?
J’aimerais bien retourner à mes amours premières : la relecture et la correction de livres. Mais la concurrence est rude et mes clients, dont certains sont devenus des amis, sont malheureusement trop rares. Bref, bien que les fautes ne manquent pas dans certaines publications, j’ai du mal à me faire connaître. Pourtant j’ai un site (www.sans-fautes.com) et je suis auto-entrepreneur, donc susceptible de travailler à la vacation, mais j’attends toujours qu’un éditeur accepte de me faire confiance.
Quel rôle joue la Certification Voltaire dans vos projets ?
Pour moi, la Certification Voltaire était surtout un moyen de vérifier mon niveau de compétence, par curiosité et parce que je souhaitais pouvoir me présenter en toute honnêteté comme une experte. Mon score sera dorénavant un atout dans mon CV.
Enfin, quel conseil donneriez-vous aux candidat(e)s à la Certification Voltaire pour obtenir le plus haut score possible ?
Celui de travailler le français jour après jour et non en accéléré, de préférer la curiosité intellectuelle au bachotage, bref de le pratiquer comme un loisir. Celui de toujours avoir un dictionnaire sous la main, avec ses deux petits frères : le Bled et le Bescherelle. Je recommande aussi les ouvrages de poche consacrés aux mots menacés d’extinction ou aux subtilités de notre langue, que l’on trouve dans toute bonne librairie et dont la lecture est très instructive, et parfois très amusante.
Chère Madame Verdier, chère équipe du Projet Voltaire,
Bien qu’écrivain du dimanche, et de quelques soirées de semaine (et 6 ouvrages auto-publiés), je ne viens de faire la connaissance de la certification qu’il y a quelques décades, et me rendre compte de ma marge de progression en français relevé, malgré un souci constant de la correction de la langue et mon amour de l’écriture…
Depuis, je pratique ardemment le module Excellence, et viens de m’inscrire pour une session en mars. Mon objectif est un résultat des plus élevés, mais je confesse être également partagé entre le goût du record et la galanterie de ne pas « coiffer » sur le poteau une Dame aussi charmante …
Mes motivations sont certes littéraires, mais aussi professionnelles: acculé par un malheureux plan social (dans une tout autre vocation) à choisir une fin de carrière digne et gratifiante, j’envisage donc, aussi, de me lancer dans le métier de cornac (exotique!) ou mieux de cicerone (accent?) pour les futurs impétrants à la certification. Mais je rassure tout le monde, pas sous le vocable risible de « coach ». C’est au sujet des « droits » que j’aimerais avoir un contact direct avec le Comité quant à l’utilisation du label « Projet Voltaire ».
Quelques remarques encore:
– A l’usage du tutoriel, je n’ai pu détecter quelle place vous accordez aux majuscules et minuscules. Est-ce d’un autre ressort?
– La bonne pratique de la langue écrite ne saurait complètement ignorer la typographie: ponctuation, signes cachés du clavier (présentations parfois dignes de JC Azerty!), pagination & perluète! Le sujet est vaste, et ce n’est pas saint Arobase qui me contredira.
Merci à tous pour votre credo et votre humour, et je reste dans l’espoir de recevoir quelque nouvelle de votre côté.
Bien littérairement
Chambaron
Homme de Lettres
Bonjour Chambaron,
Bravo pour votre choix de ré-orientation professionnelle. Nous ne pouvons que vous approuver dans cette démarche 🙂
Vous avez raison, la typographie est la portion congrue de notre entraînement. Mais nous ne savons pas ce que l’avenir nous réserve.
Très bonne journée à vous
Monsieur,
Une chose me surprend dans votre commentaire : vous attirez l’attention sur l’importance du respect de la typographie française, mais vous omettez les espaces avant les deux-points et points d’exclamation, et mettez une espace de trop avant vos points de suspension… S’agirait-il d’un problème technique quelconque ?
Sylvain
Bonjour Monsieur,
Merci de votre remarque, tout à fait justifiée.
On peut faire autant de progrès dans ce domaine que dans celui de l’orthographe, de la syntaxe ou de la sémantique. Je m’en remettais un peu vite à mon logiciel de traitement de texte (Word) qui est correct par certains aspects, et incorrect par d’autres en ce qui concerne les espaces placées avant les signes de ponctuation. Je ne comprends pas la programmation de l’éditeur qui devrait systématiquement prendre en compte les règles courantes, et n’ai pu trouver comment mieux la configurer.
En tout cas, je vais m’astreindre à en tenir compte à la frappe, selon les règles de l’Imprimerie nationale que je bosse avec assiduité : voilà un exemple de plus que l’on ne peut se fier à ces « bestioles » automatisées…
En regard du lamentable état de la langue écrite contemporaine, il s’agit peut-être d’une peccadille, mais il faut bien encore quelques gardiens du temple pour éviter la débandade totale.
À l’attention d’Erick du Projet Voltaire: la Certification pourrait vraiment monter d’un cran en incorporant un troisième volet qui ne dénaturerait ni sa philosophie ni son intérêt: une série de questions relatives à la typographie certes, mais aussi à la ponctuation (un art si délicat), à la présentation graphique (alinéas, mise en pages, etc.) ou à des subtilités qu’aucune référence institutionnelle n’arrive à trancher : pluriel des mots d’origine étrangère, anglicismes, néologismes. L’Académie réagit lentement, les médias flottent, les moyens de communication écrite évoluent : ne laissez pas l’oiseau s’envoler ! Tracez donc une voie, vous avez des experts ! Et s’il vous en manque…
À la certification, j’ai fait 972/1000: un peu déçu, mais totalement ravi, ainsi que le santon cul-de-jatte qui trône à la fenêtre des crèches tuilées de mon enfance méditerranéenne !
À Marseille, on fabrique dans les arrière-cours la syntaxe des gens heureux, on maltraite parfois les écritures du pouvoir, mais on s’y plie, ainsi que plie devant sardine, telle que Phocée s’écrit, grecque et pourtant anodine.
Pardonnez mon exaltation, je n’ai pas l’habitude de m’épancher…
J’omettrais peut-être encore quelques subtilités, mais je suis écrivain, pas fastoche, mais puissamment inspiré des collines et des roches.
Il est tard, douce nuit.