Voici la suite tant attendue de notre article sur les couple d’homophones noms / verbes ! Rappelons que les homophones sont des mots de sens distinct, qui s’écrivent différemment, mais se prononcent de la même façon. Ils peuvent, comme c’est le cas ici, appartenir à des classes grammaticales bien distinctes : noms et verbes. Il n’est pas rare de rencontrer l’un orthographié comme l’autre… Il ne tient qu’à vous de rétablir l’honneur de ces deux familles qui veulent se côtoyer sans se mélanger !
Affaire et à faire
On distingue les locutions « avoir affaire » et « avoir à faire ». Toujours suivi de la préposition « à », avoir affaire signifie « être en rapport avec » (vous aurez affaire à moi). Avoir à faire signifie « avoir à réaliser » (j’ai un exercice à faire).
N.B. Affaire est au pluriel dans « chiffre d’affaires ». Ce dernier représentant le total de ventes effectuées pendant une année, il est forcément constitué de plusieurs affaires, d’où le « s » final !
Envoi et envoie
Dans envoie, on reconnaît envoyer, verbe du premier groupe : « (que) j’envoie », « (qu’) il envoie ». Écrire « j’envois » avec un « s » revient à conjuguer envoyer comme « finir », verbe du deuxième groupe.
On distingue la forme verbale envoie du nom envoi qui s’écrit sans « e ». Pour les différencier, il suffit de remplacer le terme qui pose problème par « expédie ». Si le sens de la phrase est conservé, il s’agit du verbe envoyer. Sinon, c’est « envoi » qui convient.
Face et fasse
Avec un « c », le nom face est issu du latin facies, « forme, aspect général », ce dernier étant passé en français après l’ajout d’un accent grave (faciès). Pour caractériser un être humain de manière neutre, on emploie désormais « visage ». « Face » perdure néanmoins dans les expressions « figurées » (c’est le cas de le dire !) comme « se voiler la face », « perdre la face », certaines pouvant être injurieuses (« face de rat », « dans ta face »).
Avec deux « s », la forme fasse correspond au verbe faire conjugué à la première ou à la troisième personne du présent du subjonctif : « que je fasse », « qu’il fasse ».
Mort et mord
Le « t » final de mort trouve sa justification dans le latin mortem, « cessation de la vie ».
Avec un « d », mord est le verbe mordre conjugué au présent de l’indicatif, à la troisième personne du singulier. La terminaison était déjà présente dans le verbe latin mordere, « entamer avec les dents », qui a produit l’italien mordere et l’espagnol morder.
Tort et tord
Dans tord, on reconnaît le verbe tordre conjugué à la troisième personne du présent de l’indicatif : « il tord ». Si je veux employer tort, ce sera, par exemple, sous la forme « il a tort » où tort est un nom qui peut s’écrire avec ou sans article : « avoir tort », « à tort », « en tort » / « reconnaître ses torts », « c’est un tort », « faire du tort »…
Certes, ces deux homophones ont la même racine : tort vient du latin tortum, lui-même issu de tortus signifiant « qui est tordu ». Mais ce n’est pas une raison pour les confondre !
Sandrine Campese
Bonjour Sandrine. C’est toujours un grand plaisir que de lire vos articles. Concernant celui des homophones, est-il convenable de rajouter « mors » et « tors » ?
Bonsoir Didier, merci pour votre message :-). Vous avez raison, « mors » et « tors » sont d’autres homophones de « mord/mort » et de « tord/tort ». Néanmoins, mon ambition était de mettre en parallèle le nom et le verbe susceptibles d’être confondus. Je ne crois pas que « mord » soit souvent confondu avec « mors », ni « tord » avec « tors », et pour cause, les termes que vous citez sont très spécifiques et peu employés dans la langue courante. Bonne soirée et bon week-end.
Je vous remercie ,vous me motivez,j’ai envie d’apprendre ,je vous kiffe
Merci à vous Gigli pour votre enthousiasme ! Bonnes révisions, donc, et à bientôt :-).