On a toujours une bonne raison de faire une faute d’orthographe ! En effet, nombre de nos erreurs ne sont pas le fruit de l’ignorance. Nous les commettons parce que nous pensons à un autre mot dont la sonorité ou la forme est proche. Ainsi, nous sommes tentés de mettre un « d » à la fin d’artichaut car nous pensons à « chaud », d’écrire « pécunier » (au lieu de pécuniaire) sur le modèle de « financier », d’ajouter un « s » à « souci » pour qu’il ressemble à « souris », etc. Et si nous confrontions les principaux mots concernés avec leurs meilleurs ennemis ?
« accord » mais « acompte »
Le nom acompte résulte de la soudure de l’expression « à-compte » qui s’écrivait ainsi jusqu’à la fin du XIXe siècle. Pas question donc de doubler le « c » ! Si nous avons tendance à vouloir écrire « accompte », c’est sans doute par imitation d’un autre nom que nous utilisons souvent dans notre vie professionnelle : « accord ».
« bavard » mais « cauchemar »
D’origine picarde, le nom cauchemar s’écrit sans « d », le verbe correspondant étant « cauchemarder ». Dès lors, pourquoi l’adjectif qui a donné « bavarder » s’écrit-il « bavard » avec un « d » ? Il y a de quoi faire des cauchemars ! Pourtant, ce n’est pas un cas isolé : le nom bazar a pour verbe « bazarder ».
« buzz » mais « quiz »
Abréviation de l’américain quizgame, de quiz (interroger) et de game (jeu), quiz ne prend qu’un « z » au singulier comme au pluriel. Il s’applique à un jeu de questions-réponses. C’est le nom buzz, rumeur virtuelle, qui s’écrit avec deux « z ».
« chaud » mais « artichaut »
Le nom artichaut vient de l’italien articcioco, qui se prononce [artichoco]. Par confusion avec « chaud », on est tenté d’écrire « artichaud », ce qui est faux ! Pour s’en souvenir, on pense à la phrase suivante qui ne manque pas de « t » : Les têtes et les cœurs tendres des artichauts se trempent dans la vinaigrette.
« hormis » mais « parmi »
Parmi et hormis : deux prépositions qui ne finissent pas de la même façon ! Dans parmi, « mi » est l’abréviation de « milieu ». Il n’y a donc aucune raison d’ajouter un « s » ! Mot pour mot, parmi signifie « par le milieu », donc « au milieu ». Dans hormis, on reconnaît « hors » et « mis » (participe passé de « mettre »). D’ailleurs hormis s’est d’abord écrit « hors mis », sous-entendu « étant mis hors ».
« financier » mais « pécuniaire »
S’il a un rapport avec l’argent, un problème est pécuniaire – et non « pécunier » qui s’emploie (trop) souvent par confusion avec « financier ». Ce dernier a été formé sur le nom finance auquel on a ajouté le suffixe -ier. « Pécuniaire » est issu du latin pecunarius (relatif à l’argent) où transparaît la terminaison française.
« souris » mais « souci »
Certes, un souci arrive rarement seul, mais ce n’est pas une raison pour lui ajouter un « s » au singulier ! Il est tiré du verbe soucier. C’est le nom souris qui prend un « s » au singulier (et au pluriel, bien entendu). Cette finale est issue de la racine latine sorix, soricis.
Sandrine Campese
Super intéressant !!
Mais il y a un mais !! J’utilise depuis plus de trente ans les mêmes remarques au sujet d’artichaut, souci et autres
Alors pour moi ce n’est pas une nouveauté
Mais… peut-être cela intéressera-t-il d’autres lecteurs :-). Bonne soirée
Je suis d’accord mais en 2016 nous pourrions créer, inventer …… etc …… afin d’intéresser les jeunes
Oui, bien sûr ! C’est d’ailleurs ce que je fais dans mes ouvrages en prenant appui, notamment, sur des titres de films et de séries (Zéro faute grâce au cinéma) ou sur des dessins (99 dessins pour ne plus faire de fautes). Bonne soirée
Bonjour Sandrine,
Dans le même ordre d’idée, j’ajouterais balai et relais
Amicalement
Alban
Bien vu, Alban ! Néanmoins, depuis les rectifications orthographiques de 1990, il est possible d’écrire « relai », sur le modèle de « balai » et de « délai ». Bonne soirée et à bientôt !
Coucou
j’aime aussi dans le même genre : somptueux et somptuaire
un grand merci (somptueux) pour vos articles
amicalement
Bonjour Didier, en effet ! On distingue les adjectifs somptuaire, « relatif à la dépense et, particulièrement, visant à limiter les dépenses » et somptueux, « fastueux, magnifique ». Le premier terme a un sens beaucoup plus restreint que le second. Exemples : « une loi somptuaire », mais « un fauteuil somptueux ». Bonne journée et merci de votre fidélité !
Ne sachant où le signaler sur votre site ni à quelle e-mail envoyer un courriel, je porte à votre attention que « la Chartreuse de Parme » est injustement entré « Chartreuse de parme » comme s’il s’agissait de la couleur, alors qu’il s’agit bel et bien de la ville de *Parme* (ou plutôt du duché éponyme) en Italie (à l’instar de « Notre-Dame de Paris » ou des « Demoiselles d’Avignon »). Un peu de culture et la lecture du roman est a priori nécessaire mais c’est dommage quand même.
Bonsoir Elisabeth, pour moi la confusion portait plutôt sur « Chartreuse » que d’aucuns prennent pour une personne ! Je ne savais pas que « parme » était confondu avec la couleur, même avec une minuscule. En effet, la préposition « de » semble contrarier cette hypothèse. On ne dirait pas la « Chartreuse de rouge », par exemple, cela ne veut rien dire. Bonne soirée
Merci Sandrine pour ce petit cours d’étymologie !
On pourrait ajouter les fameux « inclus » et « exclu » qui ont pourtant la même racine. Mais que leur est-il arrivé ? !
Vous avez raison, Laurent ! D’après le Dictionnaire historique de la langue française, la graphie exclus, excluse était admise jusqu’au XVIIIe siècle ;-). Bonne soirée