Sarah Rezenthel, professeure agrégée d’économie-gestion à l’IUT Paris 7 nous explique pourquoi l’université Paris-Diderot utilise le Projet Voltaire depuis 3 ans.
Depuis combien de temps connaissez-vous le Projet Voltaire ? Comment l’avez-vous connu ?
J’ai découvert par hasard le Projet Voltaire en faisant une recherche sur Internet pour trouver une solution aux problèmes d’orthographe de mes étudiants. Le concept m’a séduite. Nous sommes, à l’IUT Paris-Jussieu (université Paris-Diderot – Paris 7), dans notre troisième année d’utilisation (début pendant l’année universitaire 2010-2011).
Pourquoi avez-vous choisi de travailler avec le Projet Voltaire ?
La majorité de nos étudiants en DUT Mesures physiques souhaitent poursuivre leurs études, pour beaucoup en école d’ingénieurs. La récurrence des fautes lexicales, de grammaire et de syntaxe dans leurs travaux, de très bonne qualité par ailleurs, m’a amenée à rechercher une solution pour qu’ils ne soient pas pénalisés dans l’atteinte de leur objectif professionnel. L’utilisation du Projet Voltaire avait dès lors un double objectif : leur faire prendre conscience de leurs lacunes et de l’importance de l’orthographe même dans des métiers scientifiques, et les aider à progresser. Le Projet Voltaire présentait l’intérêt de permettre un travail individualisé en autonomie, c’est-à-dire ne nécessitant pas la présence à temps plein d’un encadrant.
Comment avez-vous utilisé le Projet Voltaire au sein de votre établissement ? Pour quels publics ? À quelle fréquence ? Avec quels objectifs ?
L’ensemble des étudiants de l’établissement passe la Certification Voltaire. Cela signifie que près d’une centaine d’étudiants sont concernés, entre le DUT et la licence professionnelle. S’ajoutent également les étudiants de première année de DUT, qui se concentrent, eux, uniquement sur l’entraînement.
Concrètement, les étudiants de première année s’entraînent de manière libre et ont un exercice écrit intégré à leur examen de second semestre. De plus, pour les sensibiliser à l’importance de l’orthographe dans leur vie professionnelle, un TD est organisé autour d’un dossier documentaire sur ce thème. Les étudiants de deuxième année et de licence pro ont un entraînement davantage encadré pour s’assurer de leur préparation au passage de la certification. L’évaluation initiale est faite en cours (communication pour les DUT et préparation à l’emploi pour les licences professionnelles). Ensuite, ils ont un calendrier de travail : pour chaque séance, un ou deux niveaux sont à travailler et ils sont évalués sur une dictée se rapportant à ces niveaux, la correction est faite juste après en fonction de leurs questions. L’enseignant s’appuie beaucoup sur l’ouvrage d’Eyrolles.
Parallèlement, l’IUT a investi dans des licences du logiciel Antidote pour donner la possibilité aux étudiants de corriger efficacement leurs écrits. Nous leur reconnaissons ainsi le droit de ne pas être bons en orthographe et d’avoir besoin de temps pour progresser, tout en insistant sur l’importance de rendus exemplaires concernant la maîtrise du français.
Quel retour avez-vous eu des utilisateurs ?
Les retours des utilisateurs évoluent. Les étudiants sont au départ plutôt réticents mais ils se prennent ensuite rapidement au jeu. Ils apprécient énormément le Projet Voltaire Cloud qui leur permet de travailler dans les transports, la plupart d’entre eux ayant environ 1h30 de transport par jour. Ils apprécient aussi le côté ludique du Projet Voltaire et le fait de pouvoir passer une certification reconnue (ils passent également le TOEIC). La moyenne des étudiants de DUT est de 512, ce qui permet à la plupart d’apporter un élément positif à leur dossier de poursuite d’études. Enfin, les étudiants de DUT apprécient que les « notes » liées à l’orthographe influent de manière croissante sur leur moyenne de communication : pas du tout au semestre 1 jusqu’à 25 % au semestre 4. Il leur est ainsi laissé le temps de progresser et ils ne se sentent pas stigmatisés lorsqu’ils ont de grosses difficultés.
Par contre, tous notent la difficulté de transposer toutes les règles qu’ils ont apprises de manière théorique et « orientée » lors du projet à leurs écrits (les dictées mais aussi la rédaction des rapports).
Les retours les plus mitigés proviennent des étudiants de licence professionnelle mais cela s’explique probablement par le fait qu’ils sont peu présents à l’IUT (étudiants en alternance) et que leur entraînement est plus condensé et donc moins efficace. De plus, ils sont essentiellement sur des postes de technicien supérieur et ne perçoivent pas tous directement l’importance de la maîtrise de l’orthographe pour leur avenir professionnel.
Qu’est-ce que cela vous a apporté ?
L’utilisation du Projet Voltaire m’a donné un moyen ludique et original pour aborder le problème de l’orthographe. Le résultat obtenu par les étudiants lors de la première évaluation sonne souvent comme un signal d’alarme pour eux, ils n’ont pour la plupart pas conscience de leurs lacunes. Cela permet aussi d’insister sur l’importance de l’orthographe, place désormais relayée par les enseignants de matières scientifiques lors de la rédaction des comptes rendus de travaux pratiques.
Cela a également permis aux étudiants de progresser, l’évolution entre l’évaluation initiale et le résultat de la certification le prouve. Cela se ressent également dans leurs copies, au moins en ce qui concerne les règles les plus basiques. Finalement, l’utilisation régulière du Projet Voltaire a réactivé leur « radar » orthographe et les amène à faire davantage attention.
Que diriez-vous à une personne qui n’a jamais travaillé avec le Projet Voltaire pour lui donner envie de l’essayer ?
Le Projet Voltaire est un moyen ludique, moderne de retravailler les bases de l’orthographe. Cependant, pour qu’il soit efficace, il faut l’utiliser régulièrement.
Un mot pour qualifier le Projet Voltaire / une phrase pour conclure ?
Le Projet Voltaire est un excellent outil pour réviser de manière individualisée les bases mais aussi les subtilités de la langue française. Son utilisation doit cependant s’inscrire dans une démarche plus globale de travail de maîtrise de la langue, pour transposer les progrès à ses écrits.
Sarah Rezenthel
Professeure agrégée économie-gestion, docteur ès sciences du sport
IUT Paris-Jussieu (Université Paris-Diderot – Paris 7)