Pour expliquer le lien entre Jean Nicot et la nicotine, il nous faut revenir sur l’introduction du tabac en Europe.
Il fallut pour cela attendre que Christophe Colomb découvre les Amériques en 1492 et en revienne avec la plante à tabac.
En Espagne et au Portugal, cette plante fut d’abord utilisée comme simple ornement. Jean Nicot, ambassadeur de France à Lisbonne entre 1559 et 1561, découvrit alors les vertus médicinales du tabac. Il décida d’en faire parvenir à Catherine de Médicis, atteinte de migraines dont aucun médecin ne réussissait à la soulager. Le traitement fut un succès, si bien que la reine introduisit le tabac à la cour, qui se mit à le priser.
Vendue au départ chez les apothicaires, la plante à tabac était réputée pour soigner les douleurs, l’asthme et les problèmes circulatoires. Molière écrivit à ce sujet : « Le tabac est divin, il n’est rien qui l’égale. C’est dans la médecine un remède nouveau, il purge, réjouit, conforte le cerveau, de toute noire humeur promptement le délivre, et qui rit sans tabac n’est pas digne de vivre. » En hommage à Jean Nicot, cette plante est appelée « herbe à Nicot », parmi ses nombreux noms.
C’est seulement au XIXe siècle que le mot « nicotine » fait son apparition. Deux scientifiques, Posselt et Reimann, étudient plus précisément la composition du tabac et isolent son composant principal. Ainsi, en 1828, connaissant l’histoire de Jean Nicot, ils décident de nommer cette substance « nicotine », en hommage à l’ambassadeur de Catherine de Médicis.
Jean Nicot est également connu, à titre posthume, pour avoir écrit le Thresor de la langue française, un des premiers dictionnaires, publié six ans après sa mort. Il est certain qu’il n’aurait jamais imaginé que le mot « nicotine » viendrait s’y ajouter deux siècles plus tard.
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Très intéressant. Dommage que c’est aujourd’hui considéré comme mauvaise herbe.
ahahah très drôle
Il est dit dans d’autres sources et au musée du Tabac, que les migraines étaient ceux du prince fils de médicis et non de médicis.
Cordialement.
Puisque c’est l’été, que le blog n’est pas bousculé, et que cela peut intéresser des passionnés de langue, je signale un site universitaire de premier intérêt pour nos petites recherches !
Il s’agit du « projet ARTFL », géré par des organismes de références français et américains. Il est doté d’un puissant moteur de recherche sur le français ancien, qui permet facilement d’accéder aux définitions d’un mot dans différents dictionnaires entre 1606 et 1935 ( http://artfl-project.uchicago.edu/content/dictionnaires-dautrefois ). À côté de plusieurs éditions de l’Académie, du Littré, et du Féraud (1788), on trouve en effet le … « Nicot » de 1606.
De quoi se délecter d’une plongée dans plusieurs siècles d’évolution d’un même terme de notre langue !
Bien littérairement
Chambaron
Merci Chambaron pour ce partage qui intéressera sûrement nombre de nos utilisateurs et de nos fans. Pour « tester » le dictionnaire, j’ai entré le mot « formidable », et il n’est bien répertorié que dans son acception première, soit « qui est à craindre, redoutable ».
Bonne journée et encore merci pour votre fidélité et pour vos trouvailles !