Pour enrichir son vocabulaire, tous les moyens sont bons ! Après les moments de la journée, nous vous proposons quelques équivalents soutenus et littéraires d’adjectifs courants liés aux saisons. Par exemple, « hiémal » peut être employé à la place de « hivernal ». Non seulement vous surprendrez votre entourage en parlant élégamment, mais en plus vous rendrez hommage à l’origine latine de l’adjectif. Il ne reste plus qu’à essayer !
Le froid
– brumal
Cet adjectif est issu du latin brumalis, de bruma qui a donné « brume ». Il qualifie ce qui appartient à la saison des brumes, c’est-à-dire à l’hiver.
Ainsi, une plante brumale est une plante d’hiver. Autre exemple : les Romains célébraient, l’hiver, en l’honneur de Bacchus, les fêtes brumales.
Dans son poème Brumes et Pluies, Charles Baudelaire célèbre la saison brumale :
Ô fins d’automne, hivers, printemps trempés de boue,
Endormeuses saisons ! je vous aime et vous loue
D’envelopper ainsi mon cœur et mon cerveau
D’un linceul vaporeux et d’un vague tombeau.
Dans cette grande plaine où l’autan froid se joue,
Où par les longues nuits la girouette s’enroue,
Mon âme mieux qu’au temps du tiède renouveau
Ouvrira largement ses ailes de corbeau.
Rien n’est plus doux au cœur plein de choses funèbres,
Et sur qui dès longtemps descendent les frimas,
Ô blafardes saisons, reines de nos climats,
Que l’aspect permanent de vos pâles ténèbres,
– Si ce n’est, par un soir sans lune, deux à deux,
D’endormir la douleur sur un lit hasardeux.
À noter que le poète utilise un joli mot, « frimas », pour désigner un brouillard épais et froid formant des dépôts de givre. L’hiver est la saison des frimas.
– hiémal
« Hiémal » vient de l’adjectif latin hiemalis, lui-même issu du nom hiems, hiemis, « hiver ». C’est l’équivalent littéraire de « hivernal ».
Il s’applique en particulier aux choses de la nature : le sommeil hiémal des animaux, les plantes hiémales (qui croissent en hiver).
Anciennement, « hyémal » prenait un « y », ce qui rendait son orthographe encore plus difficile ! Ainsi Chateaubriand écrit-il, dans ses Mémoires d’outre-tombe, « La lumière manque à cette latitude, et avec la lumière la vie ; tout est éteint, hyémal, blêmissant… »
– nivéal
« Nivéal » vient de l’adjectif latin niveus « neigeux ». Il est lui-même issu du nix, nivis, qui signifie « neige ».
Ce mot vous fait sans doute penser à une célèbre marque de cosmétiques et ce n’est pas sans raison : Nivea fait partie de ces marques dont le nom est issu du latin. Il a été formé sur la racine latine nix, nivis, sans doute parce que sa crème emblématique a une blancheur et une texture qui rappellent celles de la neige.
Comme pour « brumal » ou « hiémal », « nivéal » est utilisé dans le jargon botanique pour caractériser des plantes qui fleurissent en plein hiver, qui peuvent vivre dans la neige. L’edelweiss, par exemple, est une fleur nivéale. En connaissez-vous d’autres ?
Le doux
– vernal
Brrr, cet inventaire nous a donné froid ! Pour le conclure, voici un adjectif empreint de douceur : « vernal », équivalent soutenu de « printanier ». En effet, son origine remonte à ver, veris, qui signifie « printemps ».
Toujours en botanique, une plante vernale (ou simplement « une vernale ») fleurit au printemps.
En astronomie, on parle savamment de « point vernal » pour désigner l’équinoxe de printemps.
Dans son ouvrage Têtes-mortes (1967), le romancier irlandais Samuel Beckett a écrit : « Je ne sais plus le temps qu’il fait. Mais du temps de ma vie il était d’une douceur éternelle. Comme si la terre s’était endormie au point vernal. Je parle de notre hémisphère à nous. »
Sandrine Campese
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