À l’origine, l’argot désignait le parler des voleurs et de la pègre. Ce n’est pas un hasard si le vocabulaire argotique est essentiellement composé de mots relatifs à la violence, au crime, à la drogue et au sexe. Des thèmes récurrents sur petit et grand écran…
Braquo, le braquage de voyous
Braquo, qui signifie « braquage », n’échappe pas à la règle. Il entre notamment dans l’expression « monter au braquo », pour « partir faire un vol à main armée ».
Pourquoi ce terme d’argot compose-t-il le titre de la série d’Olivier Marchal, qui met en scène quatre policiers des Hauts-de-Seine ? Parce que, pour venger le suicide de leur commandant injustement condamné dans une affaire, ils vont basculer « de l’autre côté » sans pouvoir faire machine arrière. L’argot employé dans le titre de la série est un clin d’œil à leur passage irrémédiable dans le camp des « voyous ».
Ces mêmes voyous disposent d’une quantité de termes d’argot pour nommer la police, qui sont repris tels quels dans des titres de films et de séries : « flic » dans Flic ou Voyou de Georges Lautner (1979) ou Deux flics à Miami (1984) et son équivalent verlan Les Keufs de Josiane Balasko (1987). Plus subtils, Les Bœufs-carottes de Joël Houssin (1995) sont les membres de l’Inspection générale des services (IGS), également appelée « police des polices ». Les Ripoux de Claude Zidi (1984), verlan de « pourris », désignent des policiers véreux et corrompus. Enfin, Les Barbouzes de Georges Lautner (1964) sont des agents secrets ou les membres d’une police parallèle.
Les Tontons flingueurs : des truands bourgeois ?
L’argot du crime est également présent dans le titre d’un autre film de Lautner, et pas des moindres : Les Tontons flingueurs (1963). Issu de l’argot militaire, « flingueur » qualifie une personne qui se sert souvent d’armes à feu. Quant à l’expression « tontons flingueurs », elle s’applique à des « truands d’apparence respectable ou embourgeoisés, et au figuré, à des personnes âgées très critiques ».
En réalité, il n’y a pas que le titre, mais également les dialogues imaginés par Michel Audiard qui utilisent la « langue verte » (l’autre nom de l’argot) pour son ressort comique. À noter que le terme a été féminisé cinquante ans plus tard dans la version française du film Les Flingueuses avec Sandra Bullock.
Les Valseuses, pas vraiment des danseuses…
Le titre du film Les Valseuses de Bertrand Blier (1974) ne désigne pas des danseuses de valse, mais bien des testicules… qui ont une place de choix dans cette « comédie de mœurs » interdite aux moins de 18 ans lors de sa sortie en salle, puis aux moins de 16 ans lors de sa diffusion à la télévision ! Un peu moins connu, le masculin singulier « valseur » s’emploie, par analogie de mouvement, pour désigner le postérieur.
Enfin, l’argot sert aussi à nommer l’argent. Dans cette acception, les exemples cinématographiques ne manquent pas non plus : Pour cent briques, t’as plus rien d’Édouard Molinaro (1982), où une brique équivaut à un million d’anciens francs français (10 000 nouveaux francs français, soit 1 524 euros), Prends l’oseille et tire-toi de Woody Allen (1972), Touchez pas au grisbi de Jacques Becker (1954), Fric-Frac de Claude Autant-Lara (1939), expression désignant un cambriolage (dans le film, celui d’un bijoutier).
Sandrine Campese
Crédit photo : Affiche du film Les Tontons flingueurs de Georges Lautner et Michel Audiard (1963).
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