Au cinéma, le grec n’est pas en reste face au latin ! Si, dans un précédent billet, nous passions en revue les titres de films et de séries dans la langue de Cicéron, voici trois exemples qui montrent que celle d’Homère a toujours le vent en poupe !
Argo, célèbre vaisseau
Dans la mythologie grecque, Argo est le vaisseau à bord duquel Jason et les Argonautes naviguèrent de Thessalie jusqu’en Colchide (Géorgie) pour quérir la Toison d’or. Selon toute vraisemblance, le nom grec Argo a été donné en hommage à un certain Argos qui construisit le navire avec l’aide de la déesse Athéna. Placés sous sa protection, l’Argo et sa cinquantaine d’Argonautes (tous des héros grecs) parvinrent à récupérer la Toison d’or, c’est-à-dire la laine d’un bélier ailé. Une fois la mission terminée, le navire fut transporté dans le ciel pour y devenir une constellation.
Si le film de Ben Affleck n’est pas la transposition de la légende grecque, l’histoire vraie qu’il raconte s’en inspire grandement. Le film traite en effet de la libération, en 1979, de diplomates américains réfugiés à l’ambassade du Canada à Téhéran. Un responsable de la CIA, Jason des temps modernes, est chargé de venir chercher les otages (« sa » Toison d’or). Et pour les exfiltrer, il utilise non pas un navire (peu discret) mais un faux projet de film de science-fiction intitulé Argo, afin de présenter les captifs comme l’équipe du film venue en Iran en repérage.
Prometheus, héros mythologique
Prometheus (de Ridley Scott) est le nom grec de Prométhée, Titan de la mythologie grecque qui « pense à l’avance ». Souvenez-vous : il dérobe à Zeus le feu divin pour le confier aux hommes et les arracher ainsi à la vie sauvage. Pour le punir, Zeus le fait enchaîner sur le Caucase et torturer par un aigle qui vient lui ronger le foie. Prométhée serait aussi le créateur de l’humanité, façonnant le premier homme à partir d’un bloc d’argile mêlé d’eau. C’est à cette partie du mythe que le film de Ridley Scott semble se référer, Prometheus étant le nom du vaisseau qui part en expédition… à la recherche de nos origines.
Cosmopolis, la cité-monde
Autre film au titre d’inspiration grecque, Cosmopolis de David Cronenberg. Il est tiré du roman de Don DeLillo, paru en 2003, dans lequel Eric Packer, multimilliardaire de 28 ans vivant à Manhattan, se rend en limousine chez le coiffeur le jour d’une visite présidentielle et de l’enterrement d’une star du rap soufie. Très fidèle au livre, l’adaptation de David Cronenberg reprend l’intégralité de ses dialogues et, bien entendu, son titre.
Le terme « cosmopolis » est composé de deux mots d’origine grecque : kosmos, « monde ordonné », et polis, « cité ». Cosmopolis, littéralement « cité-monde », semble ici utilisé à la place de « cosmopolite » (en anglais comme en français) à propos d’une grande ville peuplée par différentes nationalités. Sans doute faut-il y voir une référence au monde « globalisé » de la finance et du capitalisme, qui est montré du doigt dans le livre comme dans le film. À noter que Cosmópolis est également une ville de l’État de São Paulo au Brésil.
Sandrine Campese
Crédit photo : L’Argo