Géhenne, Pandémonium, Tartare… 5 mots littéraires pour désigner l’enfer

C’est bien connu, pas de paradis… sans enfer ! Après les mots littéraires pour désigner le paradis, voici quelques synonymes recherchés du nom « enfer ». De quoi rendre le concept plus élégant, plus poétique, mais surtout plus effrayant ! Prêt(e) pour une plongée linguistique dans le monde des ténèbres ?

1- GÉHENNE

Ce nom féminin a deux sens. Dans la Bible, il désigne d’abord l’enfer, le lieu destiné au supplice des damnés, au châtiment éternel. On parle ainsi du « feu de la géhenne ».

L’enfer n’étant pas une partie de plaisir, on comprend pourquoi le nom a pris une autre signification, figurée et littéraire. En effet, la géhenne est aussi une souffrance intolérable, proche du supplice, de la torture, du calvaire, ou encore du martyre.

D’où vient ce nom ? D’après le Larousse et l’Académie française, il a pour origine l’hébreu « gé Hinnom » ou « gey-hinnom », signifiant « ravin ou vallée de Hinnom », lieu de sacrifice au dieu Moloch, où des enfants étaient jetés au feu.

« Géhenne » a donné un mot que nous employons plus souvent : « gêne ». En effet, le nom « gêne » a d’abord signifié « torture ». Ex : « Mettre l’accusé à la géhenne ou à la gêne ». Il s’est ensuite « adouci » pour désigner un malaise ou un trouble physique (généralement dû à une situation jugée embarrassante).

Martyre ou martyr ? Un martyr, une martyre : celui ou celle qui subit le martyre (le supplice).

2- PANDÉMONIUM

Quand il s’emploie avec une majuscule, ce nom masculin désigne la capitale imaginaire du royaume de l’enfer, où Satan convoque le conseil des démons. « Le Pandémonium est décrit par Milton dans Le Paradis perdu », indique l’Académie française.

Ce nom est tiré de l’anglais pandemonium, lui-même composé du grec pan, « tout », et daimôn, « démon ».

L’enfer étant présenté comme un lieu de chaos et d’agitation, il a (tout comme le mot « géhenne ») une deuxième acception, figurée ou littéraire. Avec une minuscule, un pandémonium est un lieu de corruption, de désordre infernal.

On le rencontre dans les expressions suivantes : « c’est un pandémonium », « un vrai pandémonium » pour décrire uneréunion de mauvais esprits, de gens qui ne s’assemblent que pour faire le mal, ou une assemblée où règnent l’agitation, le vacarme.

Prononciation. Dans « pandémonium », « um » se prononce « ome ».

3- TARTARE

Quittons la religion catholique pour la mythologie grecque, où les Enfers occupent une place importante.

Avec une majuscule (qui le distingue du steak et de la sauce !), le Tartare désigne le lieu le plus profond des Enfers, sous le contrôle du dieu Hadès. Il est si profondément enfoui sous terre que si l’on jette une enclume depuis la surface de la Terre, elle met neuf jours et neuf nuits pour atteindre le Tartare ! Impossible de s’en échapper : c’est une prison ceinte d’une triple muraille, de fleuves boueux et de marécages pestilentiels.

Dans la langue poétique et littéraire, on peut donc employer « Tartare » à la place d’« enfer ». Ex : Il fut précipité dans le Tartare.

Les rives du Styx. Le Styx étant le fleuve mythologique que les morts doivent franchir pour accéder aux Enfers, l’expression « les rives du Styx » désigne le monde des ténèbres…

4- SCHÉOL

Figurez-vous que ce nom masculin, pourtant attesté au XVIsiècle, a fait son entrée dans la 9édition du Dictionnaire de l’Académie française !

Il désigne, dans la Bible, « le séjour des morts ». « Car l’amour est fort comme la mort, la jalousie inflexible comme le Shéol* », est-il écrit dans l’Ancien Testament. Le mot est emprunté à l’hébreu biblique sheol, de même sens.

Comment le prononcer ? « Schéol » se prononce [skéol] ou [chéol].

Le Larousse et Le Robert indiquent également l’orthographe « shéol », conforme à la prononciation [chéol].

L’enfer ou les enfers ? Le nom se rencontre plutôt au pluriel (parfois avec une majuscule) dans la mythologie. Dans les autres cas, et au figuré, c’est la minuscule qui s’impose.

5- PURGATOIRE

Pour clore cet inventaire, nous avons choisi le nom « purgatoire », même si celui-ci ne désigne pas exactement l’enfer.

Dans la religion catholique, le purgatoire est le lieu où les morts vont expier les péchés dont ils n’ont pas fait une pénitence suffisante en ce monde. Ils doivent donc se purifier, se purger de leurs péchés, conformément à l’étymologie du mot : le latin purgatorius, de purgare, « purger ».

Mais cela n’est pas agréable du tout, bien au contraire ! De véritables souffrances sont endurées en ce lieu. C’est pourquoi il est fréquent de prier pour les âmes du purgatoire. On parle également « du feu ou des feux du purgatoire » pour désigner les peines que souffrent les âmes en ce lieu.

Mais, contrairement à l’enfer, cet état n’est que temporaire. Il ne s’agit que d’un passage pour entrer au ciel, accéder au paradis. En effet, ces défunts sont morts en état de grâce et sont assurés du salut éternel, ce qui n’est pas le cas des pauvres âmes damnées que nous avons évoquées dans les définitions précédentes, condamnées à la géhenne éternelle !

Au figuré, le purgatoire désigne un état provisoire où l’on souffre, une période de tourments physiques ou moraux. Ex : « Cette épreuve est pour lui un purgatoire. », « Il aura vécu son purgatoire en ce monde. »

Le mot est mentionné dans le titre d’au moins deux œuvres littéraires : « Purgatoire », deuxième partie de La Divine Comédie de Dante (1306-1321) et Les Âmes du purgatoire de Prosper Mérimée (1834).

Sandrine Campese

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