Petit traducteur des chansons de notre enfance (2/2)

Voici le second volet de notre article consatraducteur des chansons de notre enfancecré aux chansons de notre enfance et à leurs mots énigmatiques. Reconnaissons-le, nous les fredonnions sans toujours bien en comprendre le sens ! Et pour cause : la plupart d’entre elles, à l’origine des marches militaires, datent du XVIIIe siècle et contiennent des termes d’ancien français qui ont depuis disparu ou dont le sens a évolué. Mais il est encore temps de corriger le tir à l’aide de ces nouvelles définitions à transmettre aux jeunes générations.

Guérets

« Mon beau sapin, roi des forêts, que j’aime ta verdure. Quand par l’hiver, bois et guérets sont dépouillés de leurs attraits… »

Dans le langage poétique, les guérets désignent les champs couverts de moissons qui se retrouvent gelés l’hiver !

Matines

« Frère Jacques, Frère Jacques, Dormez-vous ? Dormez-vous ? Sonnez les matines ! Sonnez les matines ! Ding ! Daing ! Dong ! »

Avant de devenir une marque d’œufs, les matines sont la première partie de l’office divin (la prière) qui se dit ordinairement la nuit et pour lesquelles un moine sonnait les cloches.

Au figuré, la locution signifiait « faire une réprimande à quelqu’un ». Elle a été remplacée par « sonnez les cloches ».

Mère

« C’est la mère Michel qui a perdu son chat, Qui crie par la fenêtre à qui le lui rendra »

Dans le langage populaire de l’époque, la mère Unetelle désignait une femme du peuple un peu âgée avant de devenir un appellatif familier.

Par ailleurs, la célèbre marque de pâtes au damier bleu vient bien du père Lustucru (qui lui a répondu), initialement orthographié « l’eusses-tu cru ».

Meunier

« Meunier, tu dors, ton moulin va trop vite. Meunier, tu dors, ton moulin va trop fort »

Le meunier, c’est la personne qui possède ou exploite un moulin. En cuisine, le mot qualifie des préparations impliquant l’usage de la farine comme… la sole meunière !

Plume

« Au clair de la lune, mon ami Pierrot, prête-moi ta plume, pour écrire un mot »

Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi cet homme veut une plume alors que « sa chandelle est morte et qu’il n’a plus de feu » ? Tout simplement parce que le mot lume qui signifiait « lumière » en ancien français est devenu plume au fil du temps.

On comprend mieux pourquoi il est intéressant pour lui de savoir que la voisine « bat le briquet ». D’autant plus intéressant qu’au XVIIIe siècle, l’expression désigne aussi l’acte sexuel. Au clair de la lune, chanson paillarde ? Une hypothèse que confirmeraient les dernières paroles « la porte sur eux se ferma »… Dès lors, ne faut-il pas aussi reconsidérer cette histoire de « chandelle » ?

Train

« De bon matin j’ai rencontré le train de trois grands Rois qui allaient en voyage »

Eh non, il y a plus de 2 000 ans, la SNCF n’existait pas encore. C’est bien à dos de chameau que Melchior, Balthazar et Gaspard vinrent saluer « le divin enfant ». Le mot train désigne ici une file ou une suite de personnes, d’animaux ou de choses allant d’un même mouvement.

La Fontaine utilise également le mot train au sens de « allure » dans sa fable Le lièvre et la tortue : « Il (le lièvre) laisse la tortue aller son train de sénateur » (c’est-à-dire lentement).

Sandrine Campese

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