Cacochyme, égrotant, valétudinaire : 3 mots littéraires pour dire « maladif »

Au Projet Voltaire, nous aimons faire (re)découvrir à nos lecteurs la richesse de la langue française en mettant en lumière l’étendue de son vocabulaire, ses synonymes, ses nuances… Aujourd’hui, nous nous intéressons aux différentes manières, littéraires et délicieusement désuètes, de caractériser un état maladif.

Dix mots pour désigner un état maladif

Cacochyme 

Non, « cacochyme » n’est pas un animal de type « pachyderme » !

Cet adjectif vient du grec kakokhumia, par l’intermédiaire du latin cacochymia. En effet, le préfixe « kako / caco » veut dire « mauvais ». Ainsi, la cacographie est une mauvaise écriture, une orthographe fautive. Et « chyme » alors ?  Il vient du grec khumos, « humeur, suc (de l’estomac) ».

« Cacochyme » signifie donc « qui a une constitution débile », c’est-à-dire « faible » ou encore « qui est d’une santé déficiente ». Vous l’aurez compris, une personne cacochyme est physiquement fragile ou mal en point.

On remarque que « cacochyme » se rencontre le plus souvent dans le syntagme « vieillard cacochyme ». Exemple : « Il avait dormi dans un fauteuil, à quatre heures de l’après-midi, comme un vieillard cacochyme. » (Henry de Montherlant).

Mais le mot a également pu qualifier, au sens propre, une chose en mauvais état, fortement dégradée. Exemples : un véhicule cacochyme, un pays cacochyme… On le retrouve également à propos d’un animal : un poney cacochyme

Pour les dictionnaires Larousse et Robert, « cacochyme » est « vieux » ou employé « plaisamment ». À noter que cette mention concerne désormais un certain nombre de termes littéraires et désuets.

Enfin, l’adjectif cacochyme est également (mais plus rarement) employé comme nom : un, une cacochyme.

Égrotant 

Cet adjectif est emprunté au latin aegrotans, participe présent de aegrotare « être malade ». Il signifie « de santé précaire », « maladif ».

« Égrotant » – au féminin « égrotante » – est donc synonyme de « cacochyme », et se rencontre aussi dans le même syntagme (« un vieillard égrotant »), à la nuance près qu’une personne égrotante est malade de façon continue, permanente.  C’est ce que précise Larousse : « se dit de quelqu’un qui est sujet à être souvent malade ». Le Robert, quant à lui, indique seulement « souffreteux, maladif ».

–> souffreteux : adjectif proche d’égrotant, il signifie : « qui est de santé fragile », « qui est habituellement souffrant », ou encore « qui est de constitution et de santé délicates » (un enfant souffreteux).

Valétudinaire 

Cet adjectif, noté « littéraire » dans les dictionnaires, est tiré du latin valetudinarius (« maladif »), dérivé de valetudo (« état de santé »), lui-même de valere, qui a donné des mots comme « vaillant », « valide » …

Voilà pourquoi un contresens est vite arrivé ! Or « valétudinaire » signifie bien « qui est maladif, souvent malade » ou encore « qui a une santé chancelante ». On le retrouve encore et toujours dans notre fameux syntagme : « un vieillard valétudinaire » !

Plus rarement, il s’emploie substantivement (comme nom) : les convalescents et les valétudinaires.

–> malingre : cet autre adjectif signifie « qui est d’une constitution faible, maladive » (un enfant malingre). Il a pour synonymes « chétif », « frêle ». Voltaire s’appelait lui-même « le malingre » (il signait même ses lettres de ce surnom). Toujours est-il qu’il est décédé à l’âge de… 83 ans !


Sandrine Campese

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