Ça a « matché » ! Sur l’écran apparaît (swipez pour ne conserver que le bon profil) :
… ce beau skateur / voyageur / sauveteur en mer / éleveur de dauphins, dont le torse nu et les pectoraux ne peuvent décemment pas laisser indifférent(e).
… cette superbe blonde en tailleur sombre qui vous lance un regard incendiaire dans lequel la flamme du désir brille sans équivoque.
Maintenant, il va falloir vous montrer sympathique, drôle, original(e), cultivé(e), raffiné(e)… sans jamais perdre de vue que, si vous faites des fautes (ou si vous vous exprimez mal), votre conquête potentielle risque de ne pas passer outre. En tout cas, c’est ce que relève une étude réalisée pour l’application de rencontre Adopte un mec. Eh oui ! une erreur de grammaire ou de conjugaison vous vaudra probablement d’être balancé(e) dans la corbeille virtuelle de votre interlocuteur ou de votre interlocutrice.
Vous suffoquez ? Vous vous souvenez soudain de vos misérables notes en dictée ? Vous vous rappelez ces nombreux professeurs qui indiquaient, en rouge, dans les marges de vos copies, « Attention à l’orthographe !!! » ? Vous vous dites que la chance de votre vie va vous filer sous le nez, tout ça parce que, bon sang, il a fallu qu’on invente cette règle du « à » avec accent et du « a » sans accent ?
Pas de panique : nous nous muons en conseiller conjugal orthographique. Allez-vous conclure ? Nous ne saurions trop nous avancer sur ce point. En revanche, nous pouvons vous promettre que si vous vous prenez le râteau du siècle, ce sera en beauté, après avoir rendu hommage à la langue de Voltaire.
Allons-y crescendo si vous le voulez bien…
Étape 1 : Un premier échange réussi
Vous ne voulez pas être affublé(e) malgré vous d’un marqueur social discriminant ? Parce que, oui, c’est malheureusement ce qu’il se passe quand on fait des fautes. C’est vrai en amour comme dans le monde professionnel.
« Sa va… » ou « Ça va… » ?
Bannissez le détestable « Sa va… » ! Non, on écrit « Ça va… ».
Le mot « sa » est un déterminant possessif qui s’utilise avec un nom féminin : « sa réponse ». Pour vous en souvenir, pensez au déterminant masculin « son » : « son refus », et en conséquence votre râteau.
D’ailleurs, cela ne coûte pas plus cher d’écrire : « Comment ça va ? » ou, mieux encore, de dire plutôt « Bonjour ! » et d’enchaîner sur un détail remarqué sur le profil de votre cible. Cela permettra d’engager la conversation.
L’écriture phonétique
Évitez le recours à l’écriture phonétique : les « koi » (« quoi »), « jamé » (« jamais »), « g » (« j’ai »), « eske » (« est-ce que »).
Montrez à l’être désiré que vous prenez le temps de lui écrire, évitez donc de lui laisser l’impression que vous lui avez écrit un message en quatre secondes en économisant le plus de lettres possible.
« Tu m’as tuer… » ou « Tu m’as tué… » ?
Vous voulez signifier que les propos du beau gosse ou de la belle gosse à l’écran vous ont fait rire ? N’écrivez pas : « Tu ma tuer. »
D’abord, « ma » est également un déterminant possessif à utiliser avec un nom. Ensuite, le verbe « tuer » est ici utilisé sous la forme d’un participe passé et non d’un infinitif. On écrit donc : « Tu m’as tué. » Idem pour : « Tu m’as tout de suite plu », « Ton profil m’a intéressé/intéressée. »
Dites ce que vous cherchez sur cette application de rencontre
Vous souhaitez signifier vos envies d’engagement ? C’est tout à fait louable. Dans ce cas, n’hésitez pas à varier un peu vos tournures de phrases. Plutôt que d’évoquer une relation « sérieuse », pourquoi ne pas parler d’une relation « durable », « stable » ou encore « pérenne » ? Ça en jette davantage, n’est-ce pas ? Et si vous avez l’âme poétique, vous pouvez même utiliser les adjectifs « immuable », « impérissable », voire « infrangible ».
Vous voulez au contraire une histoire d’un soir ? Préférez qualifier cette histoire de relation « sans lendemain» ou « fugace », car vous êtes quelqu’un de « volage ».
« Comme même » ou « quand même » ?
Si à l’oreille les deux formes sont semblables, souvenez-vous que « comme même » n’existe pas. On n’écrit pas : « Bien que je cherche une relation pérenne, je suis comme même intéressé par les histoires fugaces… », mais « je suis quand même intéressé… »
« Je vis sur Paris » ou « je vis à Paris » ?
Sachez qu’on ne dit (ni n’écrit) : « J’habite sur Paris », mais « J’habite à Paris », ceci étant valable pour toutes les villes de France et de Navarre. Cela ne vous interdit pas de proposer un rendez-vous galant « sur » un rooftop. Là encore, on ne préjugera pas de vos chances de conclure, mais au moins, ce sera grammaticalement correct.
Découvrez nos solutions pour améliorer votre niveau en orthographeÉtape 2 : Évitez les fautes les plus courantes dans vos messages
Les discussions se font plus fréquentes ? Vous sentez un intérêt de l’autre côté de l’écran ? Parfait, il est temps d’aller plus loin, et donc de faire encore plus attention à son orthographe.
« On s’est parler… » ou « On s’est parlé… » ?
« Dis donc, ça fait bien 24 heures qu’on ne s’était pas parler, hi hi… » Oups ! N’oubliez pas la règle de l’infinitif et du participe passé mentionnée plus haut : dans ce cas, on doit écrire « parlé ». Vous pouvez même améliorer votre prose en utilisant le « nous » plutôt que le « on » et le pronom « cela » à la place de « ça ». « Cela fait 24 heures que nous ne nous étions pas parlé… » : c’est joli, non ?
« Je m’excuse »
Du reste, si vous êtes responsable de la situation et que vous voulez qu’il/elle vous pardonne ce silence prolongé, rappelez-vous que l’on ne dit pas : « Je m’excuse », mais que l’on demande à l’autre de bien vouloir nous excuser. Du reste, nul doute que votre « Je te prie de m’excuser… » fera son petit effet.
« J’ai été » ou « je suis allé(e) » ?
Affinez encore… Votre absence est due à un événement familial organisé au fond d’une campagne sans réseau ? N’écrivez pas que vous « avez été dans la Creuse », mais que vous « êtes allé(e) dans la Creuse », c’est mieux.
« N’hésites pas… » ou « N’hésite pas… » ?
Enfin, faites attention à vos formules à l’impératif. « N’hésite pas à me faire signe ce soir, d’accord ? » Un verbe du premier groupe (en « -er ») ne prend pas de « s » dans ce cas. Évitez donc d’écrire : « N’hésites pas… » ou « Ne t’avances pas », même si vous aimeriez, justement, que l’on fasse fi des hésitations et que l’on avance un peu plus vite…
Étape 3 : Faites monter la tampé.. tenpéra… tant-péra… Bref, on s’est compris !
Cette fois, ça y est, les choses vont se concrétiser. Attention aux dernières erreurs. Imaginez la scène… Vous glissez à votre « target » : « Après le dîner, je te ferais l’amour sur la plage. » Bien malgré vous, vous utilisez un conditionnel particulièrement malvenu.
« Je ferai… » ou « Je ferais… » ?
Si vous écrivez : « Je te ferai… », vous voulez dire que l’action à venir est certaine, qu’elle aura bien lieu. En employant l’expression au conditionnel présent (je te ferais), vous laissez place au doute, cela dépendra de la situation. N’hésitez pas à dire : « Je t’embrasserais bien, si tu me le permettais. » Le conditionnel est le temps parfait pour le consentement !
En revanche, on évitera d’écrire : « Je penserais à toi demain », car cela veut dire que vous n’êtes pas sûr(e) de le faire !
Améliorez vos messages avec les figures de style
Un petit mot encore sur les figures de style auxquelles on a parfois envie de recourir dans ce genre de conversation. Nous recommandons de les manier avec prudence, uniquement si vous êtes sûr(e) de vous. L’effet, comme un soufflé, peut vite retomber.
L’ellipse peut vous être utile. Elle consiste à omettre volontairement une partie de la phrase, à laisser en suspens une partie de ce que vous dites. « Je pourrais venir chez toi cette après-midi et… » Vous faites deviner, vous suggérez.
Songez aussi à la litote, chère à Corneille: dans sa pièce Le Cid, « Va, je ne te hais point » signifie clairement « Je t’aime ». Si vous écrivez : « Je n’ai pas trouvé ça désagréable… » (avec les points de suspension qui vont bien), on comprendra sans doute ce que vous voulez dire…
Sur tous les sujets nécessitant comparaisons et métaphores, nous préférons vous laisser entièrement libres dans vos choix, cela ne nous regarde pas. Tout au plus nous permettrons-nous encore d’évoquer la gradation : « Ces heures en ta compagnie étaient délicieuses, exquises, divines… » Vous trouverez les mots pour le dire, n’est-ce pas ?
Enfin, nous déconseillons très franchement le zeugma, toujours un peu technique à employer, puisqu’il consiste à lier deux mots de sens et d’emploi différents autour d’un verbe unique ayant la caractéristique d’être polysémique. Par exemple : « Je viens de sauter un repas, j’aurais préféré te sauter dessus ! » Vous en conviendrez, il vaut mieux bien connaître la personne avant de s’aventurer sur ce terrain-là.
Maintenant que les erreurs les plus courantes sont écartées, si vous voulez épater votre bien-aimé(e) avec un vocabulaire châtié, notre experte des mots vous guide dans ces deux articles :
… et si vous voulez séduire un employeur, voici les fautes à éviter sur un CV ! Le Projet Voltaire vous souhaite une très heureuse Saint-Valentin !