Parce que « fatiguer », à l’infinitif, prend un « u », on a tendance à écrire « un combattant infatiguable » au lieu de « un combattant infatigable ».
Les adjectifs qui dérivent d’un verbe en « -guer » s’écrivent tous « –gable », sauf un : « distinguable » ! Il en fallait bien un pour se distinguer…
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Avis de l’expert – Bruno Dewaele, champion du monde d’orthographe, professeur agrégé de lettres modernes
On se répand en conjectures sur le cas très particulier de l’adjectif « distinguable » : pourquoi ce « u » a-t-il survécu ici alors qu’il a disparu partout ailleurs ? Dès le XIXe siècle pourtant, il avait été proposé de l’aligner sur les finales en « -gable ». Le mot d’origine latine distinguo, qui s’est maintenu dans notre langue pour désigner une distinction subtile, y est-il pour quelque chose ? Allez savoir…
Exercices (cherchez les erreurs)
- Les titres doivent être immédiatement distinguables du reste du texte.
- Un ouvrier infatiguable est une perle rare.
- La fusée dispose d’un réservoir de carburant largable.
- Le verbe « férir » est inconjuguable.
- Les rapides ne sont naviguables qu’en kayak.
- Sur ce projet, l’équipe a fait preuve d’une ardeur infatigable.
- Vos erreurs sont facilement distingables : relisez-vous.
- Éloignées de tout point d’eau, ces terres sont difficilement irriguables.
- Le cours d’eau n’est navigable qu’à certains endroits.
- Aventurier infatiguable, il a fait plusieurs fois le tour du monde.
- Est-ce que les mots « infatigable » et « inlassable » sont synonymes ?
Réponses
- Phrase correcte.
- Faux. Il faut écrire : Un ouvrier infatigable est une perle rare.
Les adjectifs dérivant d’un verbe en « -guer » s’écrivent tous « -gable », sauf « distinguable ». - Phrase correcte.
- Faux. Il faut écrire : Le verbe « férir » est inconjugable.
Les adjectifs dérivant d’un verbe en « -guer » s’écrivent tous « -gable », sauf « distinguable ». - Faux. Il faut écrire : Les rapides ne sont navigables qu’en kayak.
Les adjectifs dérivant d’un verbe en « -guer » s’écrivent tous « -gable », sauf « distinguable ». - Phrase correcte.
- Faux. Il faut écrire : Vos erreurs sont facilement distinguables : relisez-vous.
Les adjectifs dérivant d’un verbe en « -guer » s’écrivent tous « -gable », sauf « distinguable ». - Faux. Il faut écrire : Éloignées de tout point d’eau, ces terres sont difficilement irrigables.
Les adjectifs dérivant d’un verbe en « -guer » s’écrivent tous « -gable », sauf « distinguable ». - Phrase correcte.
- Faux. Il faut écrire : Aventurier infatigable, il a fait plusieurs fois le tour du monde.
Les adjectifs dérivant d’un verbe en « -guer » s’écrivent tous « -gable », sauf « distinguable ». - Phrase correcte.
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Bonjour le Projet Voltaire !
Comme pour beaucoup, vous êtes ma référence, cependant n’y aurait-il pas une faute dès le titre de cet article?
Les adjectif en -able ????
Bonjour Emmanuelle, nous sommes très flattés d’être votre référence :-). Mille excuses pour ce « s » manquant, il semble avoir disparu à la suite d’une modification. Merci et bonne journée !
Bonjour, j’ai bien compris pour les adjectifs. Qu’en est-il pour le participe présent ? Fatiguant ? Merci pour votre réponse.
Bonjour Sylvie, fatigant (sans « u ») est une adjectif qui s’accorde : fatigant, fatigante, fatigants, fatigantes. Fatiguant (avec un « u ») est un participe présent. Il garde son « u » car il est construit à partir du verbe « fatiguer ». Il est invariable. Bonne journée.
Draguer => dragable ? je crois que c’est draguable plutôt; mais pourquoi (par rapport à la règle énoncée)? Ou alors je me trompe. Merci.
Bonjour ggo98, comme indiqué dans la règle : « Les adjectifs qui dérivent d’un verbe en « -guer » s’écrivent tous « -gable », sauf un : « distinguable » ! ». Grammaticalement, on écrira « dragable », mais attention, cet adjectif n’est attesté dans aucun dictionnaire !
vous êtes mon incontournable référence …. qui corrige mes erreurs ; ainsi outre distinguable,
dont je ne pourrai plus jamais oublié l’exception, ai-je découvert ce jour qu’apogée était masculin … à 60 ans avec
études incluant grec et latin : quelle honte !
Bonjour Jacques, merci de votre gentil message. Le genre de certains noms de la langue française étant aussi énigmatique que le sexe des anges, il n’y a pas de honte à hésiter, et pas d’âge pour apprendre ou réapprendre des choses ;-).
Voici des billets qui devraient vous intéresser :
http://www.projet-voltaire.fr/culture-generale/apogee-echappatoire-hemisphere-genre-noms-feminins-masculins/
http://www.projet-voltaire.fr/culture-generale/trucs-astuces-genre-des-noms/
http://www.projet-voltaire.fr/culture-generale/apogee-echappatoire-hemisphere-genre-noms-feminins-masculins/
Bonjour Jacques,
Dans sa réponse, Sandrine aura omis de vous corriger ceci : « dont je ne pourrai plus jamais oublieR l’exception ». Oublier s’orthographie ici à l’infinitif, et non au participe passé.
Pour ma part, j’ai 63 ans et, tout comme vous, j’en apprends tous les jours, notamment grâce au Projet Voltaire 🙂
Bien à vous
Erratum
———-
Pan sur les doigts ! Ces générations se sont « battues » et les linguistes « battus » ! De nos jours, un « clic » trop rapide peut être fatal, et je n’ai plus qu’à numéroter mes modestes abat(t)is avant l’avalanche de remarques déplaisantes.
Pour me faire pardonner, je vous livre une exclusivité : j’ai trouvé une seconde exception à cette règle impitoyable. Il s’agit de « reléguable », qui même démonétisé à l’heure des râleurs , garde quelque valeur dans le cœur des auteurs.
Bien littérairement.
Chambaron
Je me permets de revenir sur mon propre commentaire : cette exception du « distinguable » doit être comprise, et il faut pour cela gratter les racines au plus profond.
Ayant « dégoté » un dictionnaire étymologique de 1914 (Léon Clédat, chez Hachette), et croisé diverses sources, je propose la version suivante, qui peut apparaitre comme érudite (mais n’est-ce pas là le destin de toute analyse sérieuse?).
Le verbe primitif latin « stinguere », qui signifie marquer, teindre, piquer (grec « stizein », d’où les stigmates, en ligne droite) a une déclinaison atypique par rapport à ses confrères phonétiquement semblables. Au supin, source inépuisable des latinistes, il donne « stinctum », que l’on retrouve quasi brut dans « distinct » ou « instinct ».
Des générations de linguistes et de typographes se sont sans doute battu pour préserver cette spécificité qui les « distinguait » de la masse.
Ajoutons enfin, pour fermer le ban, que les langues proches ne sont pas indemnes devant ce trublion lexical : les Anglais connaissent « Sting » (piqûre musicale célèbre), les Allemands « stechen » (piquer, et Stichwort la maxime qui tue) et les Marseillais de l’Estaque-plage ou de l’Estaque-gare, selon les croyances. Mêmes racines, tronc unique !
Bien littérairement,
Chambaron
bonsoir,
peut-être que « se sont battues » serait plus exact ? Merci.
Je n’ai effectivement trouvé aucune explication sérieuse au « u » d’exception de distinguable ! Il n’entre même pas dans le Dictionnaire de l’Académie…
Au-delà, se pose la question des mots retenus ou non par l’Académie française : en effet, même s’ils sont sanctionnés par l’usage et de grands auteurs, certains termes n’y ont étrangement aucune place. J’ai récemment eu un autre cas avec le verbe « crypter » : cryptogramme, crypte, krypton figurent dans le Dictionnaire, mais le verbe correspondant en est absent.
Ainsi qu’expliqué dans un autre message, l’Académie seule ne fait pas la langue de référence, mais comment fonder sans ambiguïté des décisions dans le domaine du beau langage ?
J’en profite pour suggérer par ailleurs un article permanent pour le blog du Projet Voltaire, permettant d’exprimer idées, commentaires ou propositions non liées à un sujet précis.
Bien littérairement,
Chambaron
L’idée d’un mur ouvert et libre sur lequel chacun pourrait venir y épingler son idée, point de vue, commentaire, et autre recommandation est intéressante. Merci Chambaron.