On le sait, en français, tous les verbes ne se conjuguent pas de la même façon… Mais ils ne se construisent pas non plus de la même façon ! Certains appellent une préposition, d’autres non. Et encore faut-il savoir laquelle…
À première vue, les verbes « parler » et « causer » sont synonymes ; en réalité, il existe une nuance de sens et de registre.
Les constructions correctes
Voici la définition de « causer » : « s’entretenir familièrement avec quelqu’un sur un sujet quelconque ». Le verbe se construit avec la préposition « avec » et non « à » : on cause avec quelqu’un (de quelque chose).
Exemples : « As-tu causé avec lui de cette affaire ? », « Nous avons causé ensemble de longues minutes ». On pourrait dire aussi « bavarder », « converser », « deviser ».
On emploie donc « causer avec », mais aussi les locutions verbales :
– « causer de » (causer de tout et de rien) ;
– « causer + nom » (causer littérature, causer chiffons).
Les constructions familières
Les autres tournures appartiennent au registre familier. Ainsi, « causer » employé seul est l’équivalent populaire de « parler ». Dans Zazie dans le métro de Raymond Queneau, la jeune Zazie s’exprime en ces termes : « Tu causes, tu causes, c’est tout ce que tu sais faire. » Ici, « causer » est proche de « radoter », en totale opposition avec la réflexion, l’action…
De même, l’expression « causer à » est à proscrire dans le langage courant, qui plus est dans le registre soutenu. On ne dira pas, par exemple, « Je ne lui ai jamais causé » (= causé à lui), mais « Je ne lui ai jamais parlé. »
À lire également sur notre blog : « Pallier » ou « pallier à » ?
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Avis de l’experte – Sandrine Campese, membre du comité d’experts Projet Voltaire
Peut-on parler pour ne rien dire ? s’interroge l’humoriste belge Raymond Devos dans l’un de ses meilleurs sketchs. Réponse : Oui ! S’ensuivent deux minutes trente de démonstration savoureuse, à grand renfort de jongleries de mots. Extrait :
« Mesdames et messieurs…, je vous signale tout de suite que je vais parler pour ne rien dire. Oh ! je sais ! Vous pensez « S’il n’a rien a? dire… il ferait mieux de se taire ! » Évidemment ! Mais c’est trop facile !… C’est trop facile ! Vous voudriez que je fasse comme tous ceux qui n’ont rien à dire et qui le gardent pour eux ? Eh bien, non ! »
Exercices (cherchez les erreurs)
- Les employés syndiqués assurent qu’ils veulent simplement causer avec la directrice.
- Si tu prenais le temps de causer avec le voisin, tu saurais qu’il vend sa maison.
- Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours préféré causer football que chiffons.
- Mon oncle s’entête à causer politique à tous les repas de famille.
- J’ai prévu de causer du budget déficitaire au trésorier de notre association.
- Je préfère te prévenir, ma tante est persuadée que son chien lui cause.
- Le chef de l’État a-t-il causé au Premier ministre avant la conférence de presse ?
- Est-ce trop te demander de lever les yeux de ton écran quand on te cause ?
- Le problème des grands mariages, c’est qu’on ne peut pas causer à tout le monde.
- Avec ma vieille amie du lycée, nous avons causé de tout et de rien.
Réponses
- Phrase correcte.
- Phrase correcte.
- Phrase correcte.
- Phrase correcte.
- Faux. Il faut écrire : J’ai prévu de causer du budget avec le (ou « parler du budget au ») trésorier de notre association.
- Faux. Il faut écrire : Je préfère te prévenir, ma tante est persuadée que son chien lui parle.
- Faux. Il faut écrire : Le chef de l’État a-t-il causé avec (ou « parlé au ») Premier ministre avant la conférence de presse ?
- Faux. Il faut écrire : Est-ce trop te demander de lever les yeux de ton écran quand on te parle ?
- Faux. Il faut écrire : Le problème des grands mariages, c’est qu’on ne peut pas causer avec (ou « parler à ») tout le monde.
- Phrase correcte.
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