À l’école, nous avons tous appris que le pronom « nous » correspondait à la première personne du pluriel, que le verbe se conjuguait au pluriel et que l’adjectif ou le participe passé s’accordait aussi au pluriel. Oui, mais il existe une exception : le « nous de modestie ».
Qu’appelle-t-on « nous de modestie » ?
Le « nous de modestie » consiste à employer « nous » à la place de « je ». Mais pourquoi donc ? Pour paraître plus « modeste », justement ! Là où « je » pourrait sembler prétentieux, « nous », plus englobant, moins personnel, atténue cet effet.
Cette tournure est traditionnellement employée dans les préfaces de thèses et d’ouvrages, dans lesquelles l’auteur s’exprime, par exemple, en ces termes : « Que le lecteur nous pardonne… ». Ici, le pronom « nous » désigne bien une seule personne, l’auteur lui-même, et équivaut à « me ».
Quelle est la règle d’accord du « nous de modestie » ?
– Conjugué avec le « nous de modestie », le verbe se met au pluriel. Exemple : « Dans cet ouvrage, nous montrerons que… »
– En revanche, l’adjectif ou le participe passé se rapportant au « nous de modestie » reste au singulier. Exemple : « Nous sommes ravi du bon accueil réservé au premier tome ». (ou « ravie », si l’auteur est une femme).
Le fait d’accorder un adjectif ou un participe passé selon le sens et non selon la grammaire, porte un nom savant : il s’agit d’un accord sylleptique.
Il existe un autre « nous » qui se comporte exactement de la même manière que le « nous de modestie » : le « nous de majesté ».
Ce dernier est traditionnellement employé par des personnes situées au sommet du pouvoir, comme le souverain ou la souveraine d’un royaume ou d’un empire (Nous, Marie-Antoinette, Reine de France, déclarons…), le dirigeant ou la dirigeante d’un pays (Nous, Premier ministre du Canada, sommes convaincu…).
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Avis de l’experte – Sandrine Campese, membre du comité d’experts Projet Voltaire
Force est de constater que les « nous de modestie et de majesté » sont de moins en moins employés.
Dans les thèses, « nous » tend à être remplacé par « on », pourtant critiqué par les puristes. « On » est aussi est un cas particulier en grammaire : le verbe employé avec « on » se conjugue au singulier, mais l’adjectif ou le participe passé s’accordent au pluriel (quand il désigne plusieurs personnes identifiées).
Enfin, « Nous » équivaut à « tu » quand on s’adresse de manière affective à un bébé, à un enfant ou à un adulte pour l’infantiliser ou l’intimider : « Avons-nous bien dormi cette nuit ? », comme c’est l’usage pour « on », d’ailleurs : « On va faire un gros dodo ! ».
À lire également : Quatre questions que vous vous posez sur le pronom « on »
Exercices (cherchez les erreurs)
- L’auteur remercie ses lecteurs : « Ils nous ont amené à enrichir notre travail », écrit-il.
- « Nous sommes reconnaissants à notre directeur de thèse », écrit l’étudiante.
- « Oh là là, nous sommes bien fatigués ! » lança la maman à sa petite fille qui bâillait.
- « Nous sommes content d’écrire ce nouvel ouvrage ! », s’exclame l’auteur dans sa préface.
- Nous, Présidente de la République, sommes résolue à défendre nos concitoyens.
- « Sommes-nous disposés à dire la vérité, aujourd’hui ? », demanda le juge à l’accusé.
- L’écrivaine précise : « Ce sont nos personnages qui nous ont aidé à écrire ce roman ! »
- Nous, Louis, roi, sommes décidé à déclarer la guerre au royaume d’Espagne.
- « Mademoiselle, sommes-nous prête à sortir ? », demanda la dame de compagnie à la jeune fille.
- Nous, Reine d’Angleterre, sommes profondément peinés par cette nouvelle.
Réponses
- Phrase correcte.
- Faux. Il faut écrire : « Nous sommes reconnaissante à notre directeur de thèse », écrit l’étudiante.
- Faux. Il faut écrire : « Oh là là, nous sommes bien fatiguée ! » lança la maman à sa petite fille qui bâillait.
- Phrase correcte.
- Phrase correcte.
- Faux. Il faut écrire : « Sommes-nous disposé à dire la vérité, aujourd’hui ? », demanda le juge à l’accusé.
- Faux. Il faut écrire : L’écrivaine précise : « Ce sont nos personnages qui nous ont aidée à écrire ce roman ! »
- Phrase correcte.
- Phrase correcte.
- Faux. Il faut écrire : Nous, Reine d’Angleterre, sommes profondément peinée par cette nouvelle.
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