Il y a les temps que nous utilisons fréquemment à l’écrit et à l’oral : le présent de l’indicatif, le passé composé, le futur simple, le conditionnel présent… Il y a les temps que nous rencontrons plutôt dans la littérature : le passé simple, le plus-que-parfait… Et il y a les temps moins fréquents, comme l’imparfait du subjonctif (oui oui, le fameux « que je le susse »…).
La mauvaise nouvelle est que l’on fait des fautes de conjugaison très souvent, y compris avec les modes et les temps que nous employons le plus. Un participe passé en « -er » (aïe…), un « s » accolé à un verbe du premier groupe à l’impératif (aouch…), un accord mal ficelé avec l’auxiliaire « avoir » (arg…), ou plus simplement un « son » confondu avec un « sont » (oh non…) : ce sont autant d’erreurs très communes.
Soyons clairs : on ne règle pas des soucis récurrents simplement en lisant quelques lignes. Apprendre la conjugaison facilement est un leurre : il faut travailler un peu. Toutefois, il est possible de limiter les fautes grâce aux astuces données dans cet article.
Notez-le : il est également possible de s’entraîner à la maîtrise de la conjugaison (et plus généralement de la langue française) grâce au Projet Voltaire. Et… n’oubliez pas de tester vos connaissances grâce au jeu proposé en début d’article.
Je découvre les modules d’entraînementSommaire
- Conjugaison : comment s’y retrouver ?
- Ne plus faire de fautes de conjugaison : trucs et astuces
- Les pièges à éviter
- Quelques exercices
Conjugaison : comment s’y retrouver ?
Bien différencier les modes et les temps
Commençons par quelques rappels. D’abord, la différence entre les modes et les temps. De quoi s’agit-il ?
Le mode désigne la manière dont le verbe exprime l’état ou l’action.
En français, on distingue les modes personnels et impersonnels. Les premiers sont introduits par un pronom personnel (je, tu, il…). Ce n’est pas le cas pour les seconds. Les modes personnels sont au nombre de quatre.
– L’indicatif : il permet d’exprimer des actions et des vérités générales. « Je vais chez le dentiste », « Les grands sportifs s’entraînent tous les jours ».
– Le subjonctif : il permet d’exprimer un souhait, une volonté ou un conseil. « Il serait préférable que tu viennes avec nous », « Je veux que tu obéisses ! ».
– Le conditionnel : comme son nom l’indique, il permet d’exprimer une condition. « Je postulerais si j’avais les qualités requises. » Il peut aussi s’agir d’une préférence : « Je souhaiterais qu’il ne parte pas. »
– L’impératif : il permet d’exprimer un ordre. « Finis ton assiette ! », « Arrête d’embêter ta sœur ! ».
L’infinitif, le participe et le gérondif constituent les modes impersonnels.
Le temps désigne quant à lui la forme que prend le verbe pour situer l’action (passé, présent, futur). Il existe de nombreux temps en français.
Les temps simples et les temps composés
On distingue les temps simples et les temps composés :
- Dans le premier cas, le verbe est seul : « Je travaillerai demain », « Je mange avec mes collègues à midi ».
- Dans le second cas, le verbe est conjugué avec l’auxiliaire « être » ou « avoir » : « Je suis allé à la piscine », « J’aurais voulu être un artiste ». Avec un auxiliaire, le verbe prend la forme du participe passé.
Les temps simples les plus utilisés sont les suivants :
- Présent de l’indicatif : il situe les faits au moment de l’énonciation. « Je m’épanouis dans ce travail. »
- Futur simple : il exprime un fait postérieur au moment présent. « Pour l’organisation des vacances, je ferai le nécessaire demain », « Je serai avec Marc toute la journée de demain ».
- Imparfait : il présente une action passée, répétée ou en cours d’accomplissement. « Je me rendais chez elle tous les vendredis pour ma leçon de piano », « J’allais à la pêche quand j’ai rencontré Sylvie ».
- Passé simple : temps du récit par excellence, il situe une action précise dans le passé. « Je sentis tout mon corps et transir et brûler. »
- Conditionnel présent : il exprime une action soumise à une condition. « Je ferais le nécessaire pour les vacances si vous me donniez les informations concernant la location ! »
Les temps composés les plus utilisés sont les suivants :
- Passé composé : on l’utilise pour raconter un événement passé, daté et terminé. « Je suis parti à la mer avec mes cousins l’été dernier », « Elle a mal réagi à mes propos ».
- Plus-que-parfait : ce temps indique qu’une action a eu lieu avant une autre dans le passé. « J’avais terminé mon livre quand elle est arrivée. »
- Conditionnel passé : il sert à exprimer un reproche, un regret, ou une information dont on n’est pas certain. « J’aurais été satisfait de son travail s’il n’avait pas tout gâché au dernier moment », « Il serait venu avec nous s’il avait eu le temps », « L’assassin présumé se serait enfui par la fenêtre ».
Trois groupes de verbes
En conjugaison française, on distingue trois groupes :
- Le premier contient les verbes dont l’infinitif se termine en « -er » (manger, couler, arriver…), sauf « aller », exception qui fait partie du troisième groupe.
- Le deuxième contient les verbes qui se finissent en « ir » et dont le participe présent se termine en « issant » (finir, subir, assourdir…).
- Le troisième groupe contient tous les autres verbes.
Il est important d’avoir cette classification en tête, car les terminaisons varient selon le groupe auquel appartient le verbe. Cette distinction permet également de mieux maîtriser les tableaux de conjugaison.
Et aussi…
Il faut enfin être conscient du fait que conjuguer correctement un verbe implique certaines conditions :
- Trouver le sujet. Cela est évidemment indispensable, puisque le verbe s’accorde avec le sujet. « Paul, selon Lucas et Sylvie, ne sera pas présent aujourd’hui » : C’est bien « Paul » qui est le sujet dans ce cas. Cela passe aussi par le fait de repérer les pronoms personnels : je / tu / elle / il / on / nous / vous / ils / elles.
- Distinguer les voix passive et active. « Le chat mange la souris » est un exemple de voix active. « La souris est mangée par le chat » est à l’inverse un exemple de voix passive.
Avec ces éléments en tête, les choses sont sans doute déjà plus claires. Vous pouvez passer aux astuces présentées ci-dessous.
Je découvre les formations orthographe et expression écrite (éligibles CPF) du Projet VoltaireNe plus faire de fautes de conjugaison : trucs et astuces
Cherchez « verbe » + conjugaison sur Internet
L’une des astuces les plus évidentes – et néanmoins très utile ! – consiste tout simplement à… chercher la réponse dans Google. Beaucoup de sites (dont Le Figaro, le Nouvel Observateur…) disposent de conjugueurs qui vous donneront la réponse. Oui, « je t’envoie » s’écrit bien avec un « e » à la fin. Oui, « je transmets » prend un « s », mais « elle a réagi » n’en prend pas, etc. Il suffit de douter pour chercher, de chercher pour trouver la bonne réponse et de trouver la bonne réponse pour ne pas faire la faute. Alors n’hésitez plus… doutez !
Les tableaux de conjugaison
On les a étudiés sur les bancs de l’école. Certes, cela rappelle quelques heures de transpiration… mais pourquoi ne pas les ressortir, ces fameux tableaux ? Cela tombe bien, ils sont disponibles en ligne gratuitement. Ainsi, on pourra (ré)apprendre les terminaisons des verbes du premier groupe à l’imparfait, celles des verbes du deuxième groupe au futur, etc. Allons, quelques révisions n’ont jamais fait de mal à personne… et cela peut avoir un petit côté « madeleine de Proust » !
Les verbes les plus utilisés
Connaître la conjugaison des verbes les plus utilisés de la langue française permet de se faciliter la vie au quotidien. Pour cela, n’hésitez pas à faire un petit tour sur Internet : de nombreux sites vous donneront des indications. « Être », « avoir », « faire », « dire », « pouvoir », « aller »… Il suffit de quelques minutes par jour pour se familiariser avec trois ou quatre verbes. À ce rythme, vous en connaîtrez beaucoup dans très peu de temps.
La pratique : conjuguez, conjuguez, conjuguez encore !
Il n’y a pas de secret : pour maîtriser son sujet, il faut pratiquer, encore et encore. Vous ne vous attendiez pas à ce que ce soit facile, n’est-ce pas ? Voici quelques suggestions pour progresser :
- Les révisions individuelles. Sur la base des solutions présentées plus haut, vous pouvez vous (re)familiariser avec la conjugaison française.
- Les exercices sur Internet. Interrogez votre moteur de recherche, vous trouverez très facilement des exercices simples et ludiques pour vous améliorer en conjugaison.
- Les dictées sur Internet . Voulez-vous aller un peu plus loin ? Alors essayez plutôt les dictées. Celles-ci vous permettront de mesurer votre niveau en conjugaison, mais aussi en orthographe, en grammaire, en syntaxe, etc.
Notez-le : vous pouvez également vous entraîner grâce au Projet Voltaire. Nos solutions permettent de se remettre à niveau et de se perfectionner en orthographe, grammaire et conjugaison. Basées sur l’Ancrage Mémoriel®, elles assurent une mémorisation durable et optimale.
Je découvre les solutions du Projet VoltaireS’améliorer en conjugaison grâce à la lecture
Plus on côtoie la langue française, et mieux on la manie ! Pour vous améliorer, nous ne saurions donc trop vous conseiller de lire autant que possible… le matin… le soir… dans le métro… où et quand vous voulez, mais autant que possible ! Ainsi, vous verrez et reverrez ces fameux verbes qui peuvent donner du souci.
Privilégiez plutôt des romans récents pour les temps tels que le présent et le passé composé. Les classiques feront la part belle au passé simple, à l’imparfait et au plus-que-parfait.
Les pièges à éviter
Pour terminer, voyons ensemble quelques pièges évitables de la langue française et la manière de les contourner.
L’accord du participe passé pour les verbes du premier groupe : pas de « -er » !
Oubliez immédiatement le « -er » pour les verbes du premier groupe ! Le participe passé n’est pas un infinitif… Pour ne pas vous tromper, n’hésitez pas à remplacer votre verbe par un autre, appartenant au troisième groupe :
- « J’ai acheté des pommes. » Remplacez « acheter » par « prendre ». Cela donne « J’ai pris des pommes », ce qui vous indique qu’il s’agit d’un participe passé et que la terminaison ne peut pas être « -er ».
- « Je vais manger chez mes parents. » De même, procédez au remplacement. Dans ce cas, cela donne « Je vais prendre ». Il s’agit donc bien d’un infinitif. Ne faites plus la faute !
La confusion entre le futur et le conditionnel présent
C’est une erreur que l’on rencontre de plus en plus souvent : « Je viendrais à huit heures. » Non, en tout cas pas si vous êtes certain(e) de venir à huit heures. Vous devez alors écrire : « Je viendrai à huit heures. » Là, vous vous exprimez au futur et non au conditionnel. En revanche, si vous n’êtes pas sûr(e) de venir, si cela est conditionné à un autre élément, alors vous emploierez bel et bien le conditionnel, mais le plus souvent, vous préciserez l’élément en question : « Je viendrais à huit heures si j’avais le temps. »
De même, « Je pourrai vous rejoindre en fin de journée » n’est pas la même chose que « Je pourrais vous rejoindre en fin de journée ».
La concordance des temps
Cela désigne l’ensemble des règles régissant l’accord en mode et en temps des verbes de la proposition principale et de la proposition subordonnée. Le mode et le temps de la subordonnée dépendent de ceux de la principale. Tout dépend si l’on souhaite exprimer l’antériorité, la postériorité ou la simultanéité de l’action. Ainsi :
- « Je crois qu’il se réveille » : les actions des propositions principale et subordonnée se déroulent en même temps, au présent.
- « Je croyais qu’il se réveillait » : les actions des propositions principale et subordonnée se déroulent en même temps, au passé.
- « Je croyais qu’il se réveillerait » : l’action de la proposition subordonnée se déroule après celle de la proposition principale.
- « Je croyais qu’il s’était réveillé » : l’action de la proposition subordonnée se déroule avant celle de la proposition principale.
Quelques terminaisons étranges..
Elles existent, surtout pour les verbes du troisième groupe, et mieux vaut les connaître… Par exemple, les verbes en « -dre » gardent leur « d » dans leur conjugaison : « je prends », « je défends », « je pourfends »… mais la règle change dans le cas des verbes en « -indre » et en « -soudre » : « je crains », « je résous », « je plains », « je feins ».
Autre exemple : les verbes se terminant en « -tre » et en « -pre » gardent leur « t » et leur « p » : « je mets », « je romps », etc.
Enfin, dernier exemple de complexité : les verbes « vouloir », « pouvoir » et « valoir » prennent un « x » dans leur terminaison aux deux premières personnes du singulier (« je » et « tu ») : « je veux », « tu peux », « je vaux ».
L’accord du participe passé en cas de pronominalité
Nous touchons là à un ensemble de règles et d’exceptions complexes ! Le Projet Voltaire a déjà réalisé plusieurs articles sur le sujet, dont celui-ci, que nous vous proposons de lire pour aller plus loin.
Quelques exercices de conjugaison
Vous avez encore un peu de temps devant vous ? Voici trois petits exercices que nous vous suggérons.
Conjuguez au présent de l’indicatif :
- Souhaiter : _____-tu qu’elle vienne avec nous ?
- Permettre : Je me _______ d’intervenir, car cette remarque est désobligeante !
- Défendre : Il _________ l’honneur de sa famille en se battant en duel.
- Craindre : Je _________ le froid de l’hiver.
- Coudre : Ma grand-mère ________ des vêtements pour ses petits-enfants.
Conjuguez au passé composé :
- Choisir : Il _________ l’option pension complète pour ses vacances.
- Permettre : Ses actions _______ une nette amélioration de la situation.
- Réagir : Il _______ à ces propos en sortant de la salle, sans un mot.
- Feindre : Il ________ de tirer à droite et il a trompé le gardien de but adverse.
Conjuguez au passé simple :
- Être : Je ________ parmi les premières désignées.
- Avoir : Elle _________ de la chance ce jour-là.
- Entreprendre : J’__________ ce voyage l’année de mes dix-huit ans.
- Regarder : Je __________ autour de moi et je ne vis rien.
- Neiger : Il ________ toute la nuit.
Les réponses – Présent de l’indicatif :
- Souhaiter : Souhaites-tu qu’elle vienne avec nous ?
- Permettre : Je me permets d’intervenir, car cette remarque est désobligeante !
- Défendre : Il défend l’honneur de sa famille en se battant en duel.
- Craindre : Je crains le froid de l’hiver.
- Coudre : Ma grand-mère coud des vêtements pour ses petits-enfants.
Les réponses – Passé composé :
- Choisir : Il a choisi l’option pension complète pour ses vacances.
- Permettre : Ses actions ont permis une nette amélioration de la situation.
- Réagir : Il a réagi à ces propos en sortant de la salle, sans un mot.
- Feindre : Il a feint de tirer à droite et il a trompé le gardien de but adverse.
Les réponses – Passé simple :
- Être : Je fus parmi les premières désignées.
- Avoir : Elle eut de la chance ce jour-là.
- Entreprendre : J’entrepris ce voyage l’année de mes dix-huit ans.
- Regarder : Je regardai autour de moi et je ne vis rien.
- Neiger : Il neigea toute la nuit.
Découvrez également sur ce blog :
Bonjour, je voudrais soumettre à votre expertise la phrase suivante, dont la concordance me paraît douteuse :
« Et il tendit à Florentino Ariza les cinq réaux de rigueur en lui faisant comprendre avec un sourire de soulagement qu’il ne les lui eût pas donnés si les nouvelles avaient été mauvaises. »
Ne doit-on pas écrire : si les nouvelles eussent été mauvaises ?
Cordialement,
sergueï
Bonjour sergueï, votre question de concordance des temps est fort intéressante, je vous invite à la poser directement sur notre forum https://www.question-orthographe.fr. Bonne journée.
Bonjour, j’ai besoin d’une confirmation concernant la conjugaison du verbe absoudre au présent de l’indicatif.
Dans son livre, « s’entraîner au certificat voltaire », Marie-France Claerebout le classe dans les verbes qui gardent leur -d, or je pense qu’il s’agit d’une erreur.
Bonjour Sandrine, je vous informe qu’on écrit « j’absous, tu absous, il/elle/on absout ». Je n’ai pas l’ouvrage en questions sous les yeux, je relaie donc votre message aux intéressés. Bonne journée.
J’utilise ce petit » truc » personnel, par observation : les quelques verbes qui finissent par -souDRE (donc résouDRE, absouDRE, dissouDRE) perdent leur D au présent de l’indicatif. Je n’ai trouvé à ce jour aucune exception. Y a-t-il d’autres verbes composés de la même manière dont j’ignore l’existence ? Merci beaucoup !