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Pourquoi fait-on des fautes d’orthographe ? Les raisons de nos erreurs

Le sujet de l’orthographe est sensible… et de plus en plus, semble-t-il. Même les entreprises s’en préoccupent. Ainsi, selon une étude Ipsos menée pour le Projet Voltaire en 2021, 76 % des employeurs se trouvent quotidiennement confrontés aux lacunes de leurs équipes en matière d’orthographe et nombre d’entre eux s’y attaquent en formant leurs salariés. Mais au fait… qu’est-ce qui explique le nombre d’erreurs de français que nous laissons passer dans nos communications écrites ? Pour quelles raisons fait-on des fautes ?

Sommaire

Différents types de fautes d’orthographe

Précisons d’abord qu’il y a plusieurs types de fautes.

Les fautes lexicales concernent la manière dont on écrit les mots, indépendamment du contexte d’emploi. Par exemple, on écrit « une maison avec un accès à la mer » et non

« une maison avec un axès à la mer » . Le mot « accès » s’écrit avec deux « c » et non avec un « x ».

Les fautes grammaticales concernent la manière dont on écrit un mot dans un contexte précis. « Entretien » peut ainsi s’écrire avec ou sans « t », avec ou sans « s »… De même, « envoi » peut prendre ou non un « e » à la fin : on écrit «L’envoi doit partir aujourd’hui.» et « J’envoie tout demain. » De même : « J’ai passé un entretien. » et « Je m’entretiens avec la directrice. »

 Il s’agit également de mauvais usages des règles de grammaire. Ainsi, l’accord du participe passé avec l’auxiliaire « avoir » exige l’accord avec le COD : « Les souris ? Le chat les a mangées

Quant aux erreurs sémantiques, il s’agit de l’utilisation de mots inadéquats dans un contexte donné. Par exemple, « hiverner » et « hiberner » ne sont pas synonymes. On peut évoquer également les fautes de syntaxe : mauvais choix de temps, d’auxiliaire ou de mot. Par exemple, « J’ai été à la piscine. » n’est pas une phrase correcte ; il faudrait dire et écrire : « Je suis allé à la piscine. »

Enfin, certaines fautes sont liées à l’absence de maîtrise de la conjugaison. Par exemple, on écrit « je veux » avec un « x » et non avec un « s » ou un « t ».

On peut supposer que toutes ces fautes n’ont pas nécessairement les mêmes causes. Certaines peuvent être liées tout simplement à l’habitude : on entend très souvent « J’ai été… » au lieu de « Je suis allé… ». D’autres résultent de la méconnaissance ou d’une mauvaise compréhension de certaines règles grammaticales. Enfin, l’étourderie peut expliquer qu’on oublie parfois un accord, un pluriel, etc.

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Les causes possibles de nos fautes d’orthographe

La dysorthographie et autres troubles

Commençons par l’évidence : la dysorthographie, la dyslexie et les « troubles dys » en général peuvent être à l’origine de fautes d’orthographe. Ces troubles se traduisent en effet par des difficultés dans l’apprentissage des mots, de la lecture et de l’écriture. Selon le site de la Fédération française des Dys, 4 à 5 % des élèves d’une classe peuvent être concernés par la dyslexie, 3 % par la dyspraxie et 2 % par la dysphasie.

Les difficultés intrinsèques à la langue française

Les fautes d’orthographe ne sont pas un phénomène récent. Il suffit pour s’en convaincre de se souvenir que les lettres des poilus – les soldats français de la Première Guerre mondiale – comportaient de nombreuses fautes. Comment expliquer ces difficultés récurrentes à maîtriser les règles et les subtilités de la langue française ? Une partie de la réponse réside peut-être dans les difficultés qu’elle présente.

Le français n’est pas seulement l’héritier du latin, mais aussi de la langue gauloise, du francique, de l’arabe, de l’italien, du grec, de l’anglais… Pendant longtemps, plusieurs dialectes ont coexisté sur notre territoire (notamment les langues d’Oïl et les langues d’Oc). Il résulte de cette histoire riche et tourmentée un très grand nombre de difficultés parmi lesquelles :

  • la présence dans nos mots de lettres muettes, écrites mais non prononcées : « sang », « loup, « pied »…
  • l’existence de nombreux homophones : « verre », « vers », « ver », « vair », « vert »…
  • l’existence de plusieurs formes de pluriels : des « idées » avec un « s », des « sous » avec un « s » également… mais des « choux » avec un « x », des « chevaux » avec un « x », des « gaz » sans aucune lettre indiquant le pluriel, etc.
  • une prononciation qui ne correspond pas toujours à l’écriture : « monsieur »
  • un système de conjugaison complexe avec trois catégories de verbes ne répondant pas aux mêmes règles pour leurs terminaisons. La racine même d’un verbe peut changer selon le mode, le temps et la personne : on dit « je vais », mais « nous allons ».

On pourra rétorquer que les autres langues présentent elles aussi leur lot de difficultés. Certes… mais le français semble particulièrement complexe. C’est du moins l’avis du Foreign Service Institut américain qui classe notre langue parmi les plus difficiles à apprendre. Comparée à d’autres langues latines – notamment l’italien –, l’orthographe du français est éloignée de sa prononciation. Certaines distinctions sont gommées. Jugez plutôt : prononce-t-on de manière différente « aimer », « aimez », « aimai », « aimé », « aimée » et « aimées » ?

Tout cela peut être à l’origine de confusions multiples. C’est l’avis du linguiste Jean-François de Pietro qui, dans le journal Le Temps, explique que la langue française est particulièrement difficile : « le seul son « s », par exemple, peut s’écrire s, ss, c, ç, sc, t, x… » Dans ce cadre, on peut concevoir qu’une personne qui écrit peu – ou sans être relue – peut parfois être perdue et faire des fautes.

La baisse de la lecture en cause ?

Peut-être, des causes plus récentes pourraient expliquer un certain mal-être orthographique. En premier lieu, évoquons la désaffection pour la lecture. Dans une étude mentionnée par le ministère de la Culture, le Centre national du livre (CNL) évoque le fait qu’un jeune sur cinq ne lit jamais dans le cadre des loisirs. L’institution note également que « si 84 % des jeunes lisent pour l’école, leurs études ou le travail, ce chiffre est en baisse de six points par rapport à 2016. » Enfin, il est précisé dans cette étude que les jeunes lisent aussi moins longtemps : « seulement 19 minutes par jour, soit 4 de moins qu’en 2022. »

La présidente du CNL, Régine Hatchondo, s’inquiétait face à ce constat : «Je considère que la lecture est une affaire de santé publique. Il faudrait une prise de conscience massive pour mettre en exergue les bienfaits de la lecture chez les enfants, notamment en matière de concentration, d’imagination, d’empathie, de développement du langage et du cerveau.»

La baisse de la lecture ne concerne pas uniquement les jeunes et n’est pas un phénomène récent. Ainsi, selon la revue européenne des médias et du numérique, « 81 % des Français se déclarent lecteurs en 2020 (- 7 % vs 2018 et – 5 % vs 2014-2018). Le taux de non-lecteurs est passé de 15 % en 2014 à 19 % en 2020. » L’article précise également que l’habitude de lire tous les jours se perd.

Peut-on penser que cette évolution occasionne des fautes d’orthographe ? C’est l’avis en tous cas d’Édouard Geffray, directeur général de l’Enseignement supérieur, qui indiquait en 2022 sur France Culture : « On sait aussi que la réussite des élèves en français est très liée, de manière générale, à la maîtrise de la langue et à la pratique de la lecture. Plus un élève pratique la lecture, plus il s’habitue à se concentrer sur les mots ; plus il lit une langue belle et grammaticalement juste, meilleur il est en orthographe. »

Le constat demande cependant à être nuancé. Selon une autre étude, évoquée par le Réseau d’information pour la réussite éducative, la lecture ne suffirait pas à assurer une écriture sans fautes : « […] la méthode la plus efficace pour mémoriser à long terme l’orthographe lexicale des mots serait de sensibiliser les élèves aux propriétés visuelles et spécifiques des mots. »

L’article insiste néanmoins sur l’intérêt de la lecture fréquente et de l’analyse des propriétés phonologiques des mots. Conclusion : lire peu ou pas du tout, c’est prendre le risque de faire davantage de fautes d’orthographe. Lire davantage, c’est améliorer notamment ses connaissances en orthographe lexicale.

L’invasion de mots anglais ?

C’est un fait : les mots anglais ont envahi notre quotidien, en particulier la vie professionnelle (mais pas seulement). Y a-t-il là matière à faire des fautes ? Ce n’est pas impossible. Le journal Le Figaro mentionne ainsi ces mots qui sont « presque des homographes » : « language » en anglais et « langage » en français, « traffic » en anglais et « trafic » en français, « connection » en anglais et « connexion » en français…

Dans un entretien au Monde, un académicien notait par ailleurs que certaines tournures passives héritées de l’anglais s’imposent parfois en français. Son contradicteur, l’ancien ministre de l’Éducation nationale Luc Ferry, note que si le français se dégrade, cela n’a rien à voir avec les anglicismes : « Le français est mal parlé, parce qu’il est mal appris. L’impérialisme de l’anglais n’y est pour rien. Près de 35 % des enfants qui entrent en 6e rencontrent de grandes difficultés en lecture et en écriture. Ils ne liront jamais un livre en entier. C’est l’urgence absolue.»

Que cela soit avéré ou non, il semble en tous cas peu probant de rendre l’anglais responsable d’une mauvaise maîtrise du français : aucune étude ne corrobore cette hypothèse.

Davantage d’écrits, moins de relecture ?

Faisons un autre constat : on écrit davantage qu’avant. Cela peut paraître étonnant à l’heure où règnent la vidéo et l’image, mais dans le monde professionnel et dans la vie quotidienne, on écrit beaucoup via les messageries en ligne. Le linguiste Jean-François de Pietro, cité plus haut, note les conséquences de cette évolution : « On communique de manière relativement intime dans des situations plus nombreuses, en particulier grâce aux nouvelles technologies. Mais, de ce fait, chacun a désormais accès à des courriels, blogs ou SMS qui, auparavant, seraient restés dans le domaine privé, hors des regards extérieurs, hors des jugements normatifs. »

Cela se traduit par des situations individuelles parfois complexes. Le journal La Croix donne l’exemple d’un auteur de théâtre qui propose des remises à niveau en français en entreprise. Il explique : « Longtemps, mes stages s’adressaient à des personnes bénéficiant d’une promotion, un manutentionnaire soudainement chargé de tâches administratives, par exemple. Mais l’avènement de l’e-mail a changé la donne. S’ils dictaient, jadis, leurs courriers à une secrétaire, les commerciaux, cadres et autres responsables rédigent aujourd’hui eux-mêmes, souvent dans l’urgence, leurs messages. Et leur éventuelle méconnaissance de la langue éclate au grand jour. » 

En somme, on pourrait supposer que certaines fautes sont maintenant devenues « visibles ».

Moins d’heures consacrées à l’apprentissage du français ?

Commençons par le constat : le nombre d’heures consacrées à l’apprentissage du français durant la scolarité a bel et bien diminué. Selon France Info, qui cite le collectif de professeurs « Sauver les lettres », « en 1975, un collégien avait reçu au minimum 90 heures de français de plus qu’un collégien de 2015. » L’article ajoute que « c’est en primaire que la baisse est la plus spectaculaire. À la fin de l’école primaire, un élève de 2015 avait reçu 432 heures de français de moins qu’un élèves de 1968. »

La raison : d’autres matières et d’autres enseignements se sont ajoutés. Faut-il voir un lien entre la baisse du nombre d’heures de français et les fautes d’orthographe ? Il est difficile de répondre de manière absolue, d’autant qu’en ce qui concerne l’enseignement des savoirs fondamentaux, la France reste « bonne élève » : le temps scolaire consacré au français et aux mathématiques dans notre pays reste supérieur à la moyenne européenne. Le collectif « Sauver les lettres » estime bien que les difficultés actuelles de maîtrise de la langue ont pour cause, notamment, la réduction du nombre d’heures consacrées à la grammaire et à l’orthographe.

Les solutions à la mauvaise maîtrise du français

Il est difficile de tirer des conclusions définitives. Les difficultés en français semblent en effet multifactorielles. Il ne nous appartient pas de nous prononcer sur les réponses à apporter.

Rappelons toutefois qu’une mauvaise maîtrise du français peut se révéler pénalisante, en particulier pour l’insertion et la progression professionnelles. Dans ce contexte, nous suggérons quelques conseils pratiques pour limiter les fautes d’orthographe : ne pas se reposer sur les correcteurs, lire autant que possible, s’entraîner à repérer les fautes, se former (notamment grâce à nos solutions)… Si vous êtes employeur, vous pouvez également contribuer à améliorer la situation en proposant une formation en orthographe à vos salariés. Enfin, si vous êtes enseignant, sachez que vous pouvez également utiliser nos solutions avec vos élèves, du CE1 à la terminale. Nos outils sont également adaptés aux étudiants.

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